- Je crois qu'on a une erreur de stock sur la cefixime.
- Quelle pharmacie n'a pas d'erreur dans son stock, répond Juliette à Julien.
C'est la fin de la journée ; la Pharmacie du Marché a fermé ses portes et chacun s'affaire à ranger, terminer un dossier et préparer l'officine pour le lendemain.
- La pharmacie de Karine Wolf-Thal certainement !, lance J-C de son bureau dont la porte est restée ouverte.
Les deux adjoints se regardent, ne comprenant pas la pique de J-C.
- Ordre, erreur de stock… Je viens de comprendre la blague, explique Damien. Sur ce trait d'humour raté les amis, à demain ! La bise…
Le préparateur sort. Juliette, Karine et Julien s'attardent un peu et se remettent à parler de l'altercation entre l'adjointe et Nicole Bertin à propos de la vaccination antigrippale. J-C finit par les rejoindre et écoute son associée, le sourire aux lèvres.
- Qu'elle soit vexée, c'est son problème. Mais elle est préparatrice et a une responsabilité vis-à-vis des patients. Par contre, je ne peux pas l'obligée à se faire vacciner.
- De toute façon, vu l'efficacité du vaccin, je ne vois pas pourquoi insister !, intervient J-C.
- Donc, cette année encore, toi non plus tu ne te fais pas vacciner contre la grippe ? Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais, rétorque Karine.
- Je fais encore ce que je veux, non ? Ce vaccin, c'est de la foutaise. C'est pas parce que l'Ordre ou la ministre pleurent pour que les professionnels de santé se fassent vacciner que ça me fera changer d'avis. Au contraire. Et puis tout ça, c'est monté en épingle par les médias. Je suis sûr qu'on va se bouffer plein d'articles et de reportages sur le sujet : lui, pharmacien, pas vacciné ! Elle, médecin, pas vaccinée ! Pas bien.
- Arrête d'exagérer. Tu sais très bien que la vaccination permet une protection collective…
- À condition que le vaccin soit efficace, comme pour la variole ou le ROR. Mais la grippe… Laissez-moi rire.
Un silence pesant s'installe. Karine est agacée mais se tait.
- Au fait, tout à l'heure, Madame Grégoire m'a demandé si je pouvais lui faire un test d'angine. Du coup je me suis posé la question : comment ça va se passer ?, demande soudain Julien.
- Ah ! Ça c'est pareil. Pour le moment, on va continuer comme d'habitude. Des pastilles, un collutoire et cetera, répond J-C sans lever le nez de son smartphone.
- Bon J-C, ça suffit. Tu refuses tout ! La vaccination, le bilan de médication, les entretiens, et maintenant les TROD. C'est ça ta façon de faire de la pharmacie ? Rétrograde et conservatrice ? La pharmacie de maman, c'est terminé. On n'est plus dans les années 1980. Si ce qui t'intéresse, c'est vendre du produit, regarder ta marge et obéir bêtement aux prescriptions des médecins, c'est ton problème, mais je crois qu'on n'a plus grand-chose en commun dans ce cas. Et d'ailleurs, tant qu'on y est, sache qu'on m'a sollicitée pour les prochaines élections municipales. Sur la liste de ton cher ami Gaëtan Jacques.
Tout le monde la regarde, bouche bée. Karine se tourne vers Julien :
- Oui, nous ferons les tests angine à partir de janvier. Et les bilans de médication aussi. Je veux continuer à m'épanouir dans mon métier et dans ma vie, moi !
(À suivre…)
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