COMME MOI, vous n’avez pas pu rater ces cinq jeunes gens, souriants, résolus, bien habillés, et qui ont apparemment décidé que pharma, c’était pour eux. Il y a les deux garçons, en jeans et en baskets, l’un en tee-shirt et les bras croisés, genre sportif, l’autre en chemise au col ouvert et veste décontractée, les mains dans les poches. Et puis les trois filles, cheveux longs, jeans et ballerines, en tee-shirts (on voit même un petit bout du ventre de la jeune fille en bleu ciel), deux avec les bras croisés, et une avec un bras négligemment posé sur l’épaule de sa voisine, qui est plus grande qu’elle, et qui affiche un air de satisfaction et de confiance en elle assez impressionnant. La plus petite, derrière, ferait plutôt dans le genre malicieux. Ils sont beaux, minces et n’ont pas d’acné.
Une question m’est venue, en les regardant. Sur cette photo, les bras croisés, ce serait un geste barrière, une attitude fermée et défensive, comme il est expliqué dans tous les conseils sur la communication non verbale ? Ou alors, un truc à la Chabal, sobriété et posture ancrée, qui affirme la solidité et la détermination ? Car ils vont choisir, volontairement, au bout de leur premier semestre d’études de santé, de passer le concours pharmacie, et pas médecine, ou dentaire, ou maïeutique… S’il y en a parmi leurs camarades qui sont encore hésitants, ou bien qui tiennent absolument à devenir chirurgien-dentiste, non merci, ce n’est pas leur cas. Eux, ils sont rigoureux, disponibles, ils possèdent déjà le sens du relationnel et du travail en équipe, de l’écoute et de la décision, et il leur faudra peut-être développer un peu leurs capacités de management de ressources et de projets.
Pour illustrer le pharmacien biologiste, on a choisi le garçon en tee-shirt, la super-sûre d’elle va s’épanouir dans l’industrie, l’espiègle dans la distribution, le garçon avec la veste va passer le concours de l’internat et devenir pharmacien hospitalier, et il reste tout de même, à la fin de la plaquette, l’officine pour la fille en débardeur bleu ciel. Ils pourront également accéder à d’autres secteurs d’activité, comme l’œnologie ou l’armée, ou devenir pharmacien-inspecteur ou pharmacien humanitaire, ils en ont de la chance, on ne nous renseignait pas sur tout ça, dans les années 1980 ! Vers la fin de mes études, j’avais pensé partir à Nantes, pour une spécialisation en galénique en cosmétologie, personne n’en avait entendu parler…
Vous ne le saviez pas, mais je suis maman de trois grands enfants qui m’ont vue me diversifier professionnellement au fil des années, jusqu’à arriver à faire des choses qui me plaisent vraiment. J’ignore s’ils sont au courant de cette campagne de communication, mais chacun, à sa manière, a su me dire en grandissant, pharma, c’est pas pour moi. Ils ont choisi qui les statistiques, qui la pâtisserie, qui le journalisme de mode, rien à voir avec la pharmacie, la santé ou le médicament. Et je ne pense pas qu’une campagne de promotion de notre profession aurait pu les faire changer d’avis.
Néanmoins, j’ai un tout petit point commun avec ma progéniture, un seul, et que je trouve plutôt amusant : la blouse blanche de travail, brodée à son nom, qu’enfile tous les jours mon futur pâtissier…
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