Facilement accessible depuis les grands centres industriels de la Ruhr, Venlo est une charmante petite cité dotée de plusieurs pharmacies qui semblent démesurées par rapport à sa taille. Sur ses grandes vitrines laissant voir des montagnes d’OTC et de produits conseils, la « pharmacie de la ville » (Stadsapotheek) se vante, en allemand, d’être la plus grande pharmacie hollandaise. En fait, l'officine proprement dite se limite à un petit comptoir, tout au fond d’une immense salle striée de rayonnages en libre-service. Affichettes, prospectus, étiquettes, écrans, tout ici est bilingue, hollandais et allemand. Certaines offres promotionnelles (1 euro la boîte de 50 comprimés de paracétamol Téva à 500 mg ou un peu plus pour du Nurofen ou du Voltarène), évoqueraient plutôt, elles, un pays du sud de l’Europe. La clientèle est majoritairement allemande, de même d’ailleurs que la titulaire de la pharmacie (qui n’a pas souhaité rencontrer le « Quotidien »). Tout peut bien sûr être commandé aussi par correspondance, toujours au prix hollandais, c’est-à-dire non seulement avec un prix de départ nettement inférieur, mais aussi une TVA à 6 %, contre 20 % en Allemagne.
Si ce « modèle » peut surprendre par le contraste qu’il offre avec des pharmacies classiques, il n’en reste pas moins « parfaitement légal », comme le précise la KNMP sans enthousiasme. De plus, souligne un pharmacien, « on voit très bien qui vient acheter des boîtes d’OTC à la dizaine : si c’est un Hollandais, le personnel aura tendance à lui demander pourquoi il en veut autant, mais si c’est un touriste - lisez, un Allemand -, il le laissera faire ». Il est vrai que ces achats n’ont d’intérêt que si l’on vient d’Allemagne, comme d’ailleurs pour les ventes en ligne, marginales aux Pays-Bas. À ce sujet, ajoute M. Kooij, « certains patients nous demandent parfois d’obtenir une ordonnance pour eux auprès de leur médecin, ce que nous faisons grâce à nos messageries ». Le patient vient ensuite récupérer son médicament prescrit, même sans avoir vu le médecin. « Voilà un service qu’une pharmacie purement virtuelle ne pourra jamais rendre, parce qu’il est basé sur le contact local », explique-t-il.
« Inoffensifs » pour les pharmaciens hollandais, ces supermarchés du médicament causent quelques dégâts de l’autre côté de la frontière : à Mönchengladbach, première grande ville allemande en venant des Pays-Bas, quelques officines aux devantures fatiguées offrent des remises sur des déodorants ou des savons liquides, à trente kilomètres et mille lieues de leurs fringantes concurrentes bataves, en donnant l’impression que le cœur n’y est plus.
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