CELESIO, qui possède de nombreux établissements de grossistes-répartiteurs à travers le monde, et notamment l’Europe, dont l’OCP en France, a mené ces dernières années une politique ambitieuse d’expansion et de rachats, mais s’est attiré les foudres d’un grand nombre de pharmaciens allemands, notamment après avoir racheté, en 2007, la pharmacie virtuelle DocMorris, puis tenté d’en faire une véritable chaîne. Deux ans plus tard, l’arrêt de la Cour de Justice européenne interdisant la constitution de ces dernières a mis un terme aux ambitions du grossiste dans ce domaine. Les relations entre son P-DG, Fritz Oesterlé, et la profession n’en sont pas moins restées détestables, au point que de très nombreux pharmaciens ont cessé de travailler avec le grossiste, dont les résultats ont pâti de cette situation. Au début de l’été, M. Oesterlé annonçait son départ du groupe, suivi peu après par plusieurs autres membres du directoire. Nommé il y a quelques mois, le successeur de M. Oesterlé, Markus Pinger, s’est donné comme priorité de renouer le dialogue avec les pharmaciens. Dans un long communiqué publié juste avant la Toussaint, il souligne que ceux-ci sont les partenaires naturels du grossiste, que les deux entités doivent conserver leur place et leur rôle et que Celesio les aidera à développer leurs activités dans le respect de leur spécificité.
Changement d’attitude.
Abordant DocMorris, M. Pinger reconnaît que « son rachat a entraîné, en particulier en Allemagne, des conflits avec les pharmaciens qui sont pourtant les clients de Celesio, et que ces conflits doivent maintenant être résolus ». Il annonce « des solutions concrètes pour Doc Morris en 2012 », qui tiendront compte des intérêts de tous les partenaires (voir encadré).
La volonté de Celesio de se recentrer sur son « cœur de métier », à savoir la distribution en gros, mais aussi sa promesse d’aider les pharmaciens à développer leurs activités « au niveau européen » en leur proposant de nouveaux services, marque la fin d’une politique jugée très arrogante par les pharmaciens. De plus, un certain nombre de rachats plus ou moins bien inspirés ont effrité l’image du groupe, qui entend là aussi rationaliser sa politique d’expansion. « Les pharmaciens peuvent être satisfaits de ce changement d’attitude », écrit cette semaine le journal de l’ABDA, l’association des pharmaciens allemands, mais « nous attendons aussi des actes concrets pour être rassurés ». Ainsi, souligne la revue, Celesio n’a pas renoncé à proposer des « pick-up » dans certaines de ses officines DocMorris. Les clients peuvent y déposer des ordonnances qui sont ensuite honorées aux Pays-Bas, via la branche virtuelle de DocMorris, et renvoyées dans la pharmacie de départ, le client bénéficiant ainsi de prix moins élevés qu’en Allemagne. La profession lutte pour l’interdiction absolue de ces pratiques, dans les pharmacies comme dans d’autres canaux de distribution.
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