Une bonne partie de l'opinion publique, celle-là même qui l'a porté au pouvoir, a attendu patiemment que le président de la République engage ses réformes, sans trop se soucier d'un certain nombre de dérapages inévitablement liés à l'exercice du pouvoir. On notera à ce sujet que la virulence des commentaires de la classe politique et des médias ne semble ni affecter l'objet de ce ressentiment ni contaminer le peuple qui, s'il écoutait les sirènes de l'opposition, aurait déjà contraint l'exécutif à plier le genou. Mais, avec le temps, et surtout l'avalanche de décisions dont l'impact social est indubitable, la patience du peuple est à bout : pour diverses raisons dont la première est une communication dont les manifestations les plus étranges semblent insupportables aux yeux de bon nombre de citoyens qui préfèreraient le classicisme lié à la fonction présidentielle.
M. Macron en fait trop. Il avait choisi de ne rien dire, de se faire rare, d'opposer le silence aux critiques. Comme elles se multipliaient, il est sorti de son mutisme, de sorte qu'on n'entend plus que lui. De chaque séjour en province ou à l'étranger, il entend retirer un profit en termes de popularité. Personne, pourtant, n'est dupe de la manœuvre, si bien que, sous l'apparence de la bonne parole, le stratagème apparaît. Comme lorsqu'il a tenu à se faire filmer pendant qu'il dénonçait le « pognon de dingue » que nous dépensons en prestations sociales : était-ce bien nécessaire ? Ou lorsqu'il est allé à Rome, certes pour rencontrer le pape, qui l'a fort bien reçu, mais aussi pour être nommé « premier et unique chanoine de la basilique de Saint-Jean de Latran », poste qui revient à tout président français mais qui a fait l'objet d'une cérémonie si solennelle et si peu discrète que, très vite, on en a déduit que M. Macon renonçait à la laïcité.
Autre exemple : le gouvernement a commandé un rapport sur les villes à Jean-Louis Borloo, ancien ministre, qui le lui a remis . Le président l'a superbement ignoré. Jeudi dernier, sur une radio, M. Borloo n'a pas caché sa colère. Il est vrai que son plan, s'il était appliqué, coûterait plusieurs dizaines de milliards. Mais alors, pourquoi le lui avoir demandé ? Et pourquoi M. Macron n'a-t-il pas dit tout simplement que la France n'avait pas les moyens du projet, au lieu de prononcer un discours absurde, en vertu de quoi il n'appartient pas à deux « mâles blancs », les ci-devant Macron et Borloo, de prendre des décisions pour... une France féministe et métissée, je suppose.
Faut-il lui recommander un peu de prudence ? Par exemple, de ne pas commander un service à la manufacture de Sèvres ou de renoncer à une piscine à Fort-Brégançon ? Dans l'amalgame permanent entre les dépenses du président et ses mesures d'austérité, on décèle nécessairement la mauvaise foi de ses censeurs, prompts à ignorer ce qu'est la fonction présidentielle. Mais le chef de l'Etat doit se demander pourquoi ses opposants sont si venimeux, pourquoi les syndicats sont si remontés qu'ils en deviennent incapables de finir une grève, pourquoi il y a un tel raffut au sujet de la limitation de vitesse sur les routes départementales, pourquoi tant de citoyens se dressent contre lui avec une telle violence verbale.
Un homme averti
Pourtant, s'il y a une chose que M. Macron connaît à la perfection, c'est la difficulté de procéder à des réformes dans un pays qui leur est tellement rebelle. Il donne l'impression de jouer parfois contre lui-même, de cultiver, avec un plaisir proche du masochisme, son impopularité. Or il a déjà eu l'occasion de se tromper. En dépit des accolades et embrassades, il n'a jamais réussi à séduire Trump qui, tout sourire, exprime publiquement sa haine pour l'Europe. Il a beaucoup de mal à protéger l'Union européenne, affreusement fragilisée par l'immigration. Il n'a pas encore vaincu le chômage et les prévisions de croissance sont décevantes. Il n'en a pas fini avec la réduction de la dépense publique. Il n'a pas devant lui des mois de lait et de miel. Il est humain et faillible, quoi.
M. Macron et son gouvernement doivent désamorcer les bombes à retardement que leurs initiatives, fondées ou non, ont posées un peu partout dans le pays. Il s'agit de calmer le jeu, d'abord par une communication plus amène, moins agressive, ensuite par un ralentissement de la marche des réformes. Il y avait si longtemps que nous en avions besoin, nous n'en sommes plus à quelques mois près.
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