« Ce que l'on doit réussir à sécuriser avant tout, c'est le maintien d'un haut niveau de solidarité nationale. Aujourd'hui, près de 80 % de la dépense de santé reste couverte par l'assurance-maladie obligatoire. C'est une force : nous devons préserver notre modèle », affirme Nicolas Revel. Il y a une quinzaine d'années, l'assurance-maladie couvrait un même niveau de dépenses. Est-elle alors restée constante et stable ? « Dans les faits, cela n'est pas tout à fait vrai. Ces dernières années, les Français ont dû faire face aux déremboursements, à l'instauration de franchises, ou encore, du forfait hospitalier. Cette stabilité s'explique par un doublement des patients en affection de longue durée (ALD) dont la prise en charge masque l'effet des déremboursements. À l'avenir, l'assurance-maladie devra continuer à couvrir tous les patients, y compris ceux qui ne seront pas en ALD. Seule une maîtrise de l'évolution des dépenses permettra de conserver notre système de santé », souligne Nicolas Revel. Pour relever ce défi, l'assurance-maladie doit notamment trouver des solutions pour mieux prendre en charge les pathologies chroniques liées au vieillissement. Mais aussi, accentuer les efforts en matière de prévention.
Vers un exercice coordonné
Dans ce cadre, les pharmaciens ont un rôle important à jouer. « Ils doivent devenir des acteurs clés de la prévention (vaccination antigrippale, tests rapides de diagnostic de l'angine…) et de l'accès aux soins (télémédecine, dispensation sans ordonnance). Nous avons aussi élargi leurs compétences afin qu'ils puissent accompagner les personnes atteintes de pathologies chroniques. Bientôt, ils pourront suivre des patients ayant des traitements lourds tels que les anticancéreux oraux, par le biais des entretiens pharmaceutiques. C'est une mission importante : aujourd'hui, deux tiers des dépenses de l'assurance-maladie se concentrent sur 20 % des assurés atteints de maladies graves », rappelle Nicolas Revel. Les pharmaciens seront, par ailleurs, amenés à s'investir davantage dans les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). « Nous souhaitons renforcer l'exercice coordonné. Pharmaciens, médecins et infirmiers devront également communiquer, de façon plus systématique, via le dossier médical partagé (DMP) afin de sécuriser toutes les données de santé », assure Nicolas Revel.
Interprofessionnalité, télémédecine, bilan partagé de médication, conseils en matière d'automédication, gestion des ruptures, rappels de lots… Les compétences du pharmacien ont déjà bien évolué et la profession poursuit sa mutation. « L'officinal doit s'inscrire dans une démarche de qualité garantissant la sécurité et la santé publique », souligne Bruno Maleine, président du Conseil régional de l'Ordre des pharmaciens d'Ile-de-France. L'Ordre a réuni, cette année, des représentants de la profession dans le cadre d'un groupe de travail chargé de réfléchir aux outils nécessaires pour optimiser la qualité à l'officine. Fin janvier, l'instance ordinale mettra ainsi en ligne un site Internet dédié à la démarche qualité. « Destiné à l'ensemble des pharmaciens, ce site comprendra des référentiels, des conseils et des outils pour garantir une pratique officinale optimale. Nous avons conscience des enjeux de la sécurisation des parcours de soins. Nous devons faire en sorte que les nouvelles missions du pharmacien soient déployées de façon homogène sur l'ensemble du territoire. Le patient doit recevoir la même qualité des soins, quelle que soit la pharmacie au sein de laquelle il se présente », conclut Bruno Maleine.
D'après une conférence lors de la 3e édition du congrès SPOT-Pharma, organisé par la Société francophone des sciences pharmaceutiques officinales (SFSPO), Paris, décembre 2019.
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