Jamais en dix-huit ans d’exercice, Jean-Philippe Thil, titulaire à Mortcerf (Seine-et-Marne), ne s’était senti en insécurité. Depuis la nuit du 19 au 20 février, il a révisé cette certitude. Au matin du 20 février, le titulaire découvre son officine dévastée, la porte vitrée a été brisée à coups de pierre, la caisse a été retournée et son bureau n’est plus qu’un vaste champ de bataille. Les cambrioleurs ont éparpillé dossiers et documents. Ils sont parvenus à forcer le coffre-fort, emportant les espèces et les chèques. Contre toute attente, aucun produit stupéfiant n’a été dérobé.
Mais le préjudice ne se limite pas aux quelque 16 000 euros de dommages estimés. Le calvaire du titulaire ne fait que commencer. Profondément choqué, Jean-Philippe Thil doit fermer son officine pendant cinq jours. Cinq jours durant lesquels il n’a de cesse de se débattre avec Orange, son opérateur de téléphonie/Internet. En vain. Car une semaine après que les cambrioleurs, pensant désactiver l’alarme, ont coupé six fils, la ligne n’a toujours pas été rétablie. « Je suis plongé dans un cauchemar kafkaïen entre les plateformes d’appel où il est impossible d’obtenir le même interlocuteur. Au bout de sept jours, Orange a daigné m’envoyer un technicien qui s’est contenté de tirer un fil jusqu’à l’officine. Il n’était pas habilité à faire les raccordements… », s’exaspère le titulaire.
Bien qu'ayant souscrit « un contrat pro », il n’est pas considéré prioritaire par les services techniques d’Orange. « L'opérateur ne reconnaît pas le caractère indispensable d'une connexion Internet dans une pharmacie. Pourtant sans elle, pas de télétransmissions, pas de DP ni de DMP, pas d’alerte retraits de lots… », s’insurge Jean-Philippe Thil, insistant sur le préjudice à la fois économique et sanitaire causé par l’inertie de son opérateur. Car, avec le titulaire, c’est également une commune privée de sa pharmacie qui est prise en otage.
La goutte d’eau
Aux dires du pharmacien, le caractère d'urgence n'a pas été davantage pris en considération par son assureur, la Médicale de France. Il a dû se démener pour sécuriser lui-même la porte de son officine, sans parler du vigile intervenu après plusieurs heures de retard. Quant à l’expert, il faudra l’attendre jusqu’au 20 mars !
Ces lourdeurs administratives contribuent au découragement du titulaire. Et c'est la goutte d’eau qui pourrait précipiter sa décision. Jean-Philippe Thil avait déjà songé à cesser son activité. Au cours de ces trois dernières années, son chiffre d’affaires a été divisé par trois, alors que le nombre de prescripteurs passait de 5 à 1.
Aujourd’hui, le pharmacien pense jeter l’éponge définitivement à la fin de l’année. Il ressent d’autant plus d’amertume que ses clients et ses nombreux followers sur tweeter lui ont témoigné de l’empathie.
Conformément aux recommandations ordinales, il a déclaré le cambriolage sur l’espace dédié du site du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP). Avec succès semble-t-il : « Au bas de la page, j’ai eu un message m’informant que ma déclaration serait traitée dans les statistiques de la profession… »
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