Depuis que Winston Churchill a dit qu'entre l'Europe et le grand large, le Royaume-Uni choisirait toujours le grand large, l'Angleterre n'a cessé de se montrer réticente à l'idée de son rapprochement et a fortiori de son intégration dans l'Union européenne. Mais, contrairement à ce qu'ont pu dire nombre de ses dirigeants historiques, elle n'a jamais souffert d'y être depuis qu'elle a choisi d'y entrer en 1973. C'était la belle époque de la Communauté européenne, de l'élimination des spectres du passé par la convergence des moyens économiques, de la marche triomphante vers toujours plus d'Européens et plus d'intégration.
Aucun doute : nous sommes allés trop vite, nous avons élargi l'Union à trop d'Etats qui n'étaient pas prêts, économiquement, démocratiquement, moralement à rejoindre non seulement nos économies mais notre éthique et nos idéaux. Mais la Grande-Bretagne, ce n'est pas la Grèce, ce n'est pas la République tchèque. C'est une puissance moyenne comparable à la France et dont l'économie n'a guère souffert de sa présence dans l'Union, bien au contraire. Malheureusement, les traits nationaux étant ce qu'ils sont, les Anglais ne se sont jamais convaincus qu'ils faisaient une bonne affaire. Ils n'ont cessé de poser des conditions à leur appartenance à l'UE, déjà du temps de Margaret Thatcher, qui obtint une ristourne sur sa contribution à la politique agricole commune et aujourd'hui avec David Cameron qui a quand même eu la funeste idée de mettre l'Europe au service de sa propre popularité. Pour renforcer sa position au pouvoir, il a promis à ses concitoyens de renégocier les traités liant son pays à l'UE, puis de soumettre le nouveau statut britannique à leur vote.
Bonne fille, l'Europe a accepté que diverses contraintes fussent épargnées au Royaume-Uni. Fier de son succès, le Premier ministre a cru que le référendum se déroulerait comme une lettre à la poste. Non seulement, il a dû faire face à une vive opposition au sein même de son parti, mais des membres de son gouvernement militent ardemment pour le Brexit (sortie de la Grande-Bretagne). Le parti populiste, UKIP, la presse tabloïd (un ramassis de mensonges et de calomnies) et la mollesse du parti travailliste dirigé par Jeremy Corbyn, plus soucieux de s'afficher à gauche que de défendre l'idéal européen, ont réussi à faire pencher la balance en faveur du Brexit.
Une catastrophe pour Cameron
C'est une catastrophe pour M. Cameron qui devra démissionner de ses fonctions s'il perd le référendum ; une catastrophe pour la City (elle contribue à raison de 3,5 % au PIB britannique) qui ne saurait prétendre jouer son rôle si le royaume n'est plus dans l'Union ; une catastrophe, bien sûr, pour une unité européenne largement malmenée par la crise de la Grèce, par ses divisions, par la montée de l'euroscepticisme et surtout par la crise migratoire. Ce n'est d'ailleurs pas, cette fois, parce qu'ils estiment qu'ils s'enrichiront en dehors de l'Europe que les Britanniques souhaitent la quitter, mais parce qu'ils ont une peur bleue de l'immigration, y compris celle des Polonais et des Français.
Néanmoins, ceux qui doivent les premiers craindre les conséquences de leur folie, ce sont les Britanniques. La perte de revenus engendrée par le Brexit a été largement démontrée, au point que les Ecossais, grands europhiles, menacent de quitter le Royaume-Uni si les Anglais votent « leave ». Par conséquent, c'est l'unité même du pays qui est menacée par le Brexit. M. Cameron devra procéder à des élections anticipées. Quant à l'immigration, qui peut dire qu'elle diminuera pour un pays dont les contrôles aux frontières sont déjà si stricts ? Pour ce qui est des Européens, certes leurs exportations vers la Grande-Bretagne ne seront pas facilitées par les nouvelles conditions commerciales et, s'ils réservent un chien de leur chienne aux Anglais, ce sera sur le plan des affaires, celui qui leur tient à cœur. Ils les feront un peu souffrir.
Mais ce ne sera pas la fin du monde. Des tropismes naturels vont progressivement ramener les Anglais à la raison, celui du business, celui de la proximité, celui de leur amour de la Dordogne et de la Toscane.Cela se passe comme s'ils avaient besoin de crever un abcès dont ils sont seuls responsables. Il n'aura pas plus tôt cicatrisé que la nostalgie de leurs vacances européennes et du vin français les rongera. Peut-être reviendront-ils dans l'Union avec un statut spécial, peut-être parviendront-ils à être européens sans être dans l'UE, mais ils ne risquent pas d'effacer l'Europe d'un revers de la main.
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