A peine élu président, Emmanuel Macron avait été accueilli à Bruxelles, l'été 2017, par ses vingt-sept homologues au son de la Marseillaise. S'ils ont chanté a cappella, c'était pour lui rendre hommage après sa fulgurante victoire, mais aussi pour s'amuser. Il est toujours rafraichissant de constater que les femmes et les hommes politiques ont le sens de l'humour. Mais l'humeur du Conseil européen, entretemps, a beaucoup changé. Le sujet que je souhaite traiter ne concerne pas, cependant, les difficultés de l'Europe à se rassembler et à s'opposer aux menaces venues de l'étranger. Il s'agit plutôt de montrer des contradictions invraisemblables dans la conduite de leurs programmes par certains gouvernements.
La Première ministre britannique, Theresa May est arrivée au Conseil avec la ferme intention de demander le soutien de l'Union européenne dans la crise qui oppose la Russie et le Royaume-Uni au sujet de l'empoisonnement de Sergueï Skripal, un ancien agent double russe et de sa fille, sur le sol britannique. La colère anglaise est redoutable, à la mesure d'un crime qui semble bel et bien avoir été commis par les services russes, l'agent innervant utilisé n'existant qu'en Russie, comme l'ont confirmé des savants de ce pays. Mais la démarche de Mme May est totalement incohérente. Elle est l'ingénieure, déterminée et persistante, du Brexit. Elle est l'architecte d'une déconstruction européenne qui représente une régression géopolitique. Elle réclame une solidarité européenne alors qu'elle en est la démolisseuse en chef.
De la même manière, les échanges commerciaux entre les Européens et les Etats-Unis sont gérés par les règles de l'Organisation mondiale pour le commerce (OMC). Le président Trump a décidé de les faire voler en éclats et d'adopter des décisions protectionnistes pour réduire le lourd déficit extérieur de son pays. L'Union négocie avec Washington, elle est sur le point d'obtenir une exception américaine. M. Trump a néanmoins annoncé qu'il imposait des tarifs douaniers élevés sur des importations chinoises valant quelque 60 milliards de dollars. Pourtant, il sait fort bien que la Chine réagira par des représailles commerciales, par exemple dans le domaine aéronautique ou celui de soja, qu'elle importe massivement. Quel sens son virage protectionnniste peut-il avoir sinon une dégradation du commercial mondial et, partant, une baisse de la croissance dans tous les pays concernés, y compris le sien ?
Une complète absence de logique
On peut donc en conclure que les relations diplomatiques entre Etats sont gouvernées par l'absence complète de logique. Autre exemple : l'armée turque envahit le nord de la Syrie pour en éliminer la présence kurde. A Afrin, on a dénombré au moins mille morts, des milliers de blessés, des dizaines de milliers de personnes déplacées. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, menace de poursuivre son offensive et de repousser les Kurdes, qui ont si bien lutté, et à quel prix, contre l'Etat islamique, de toute la zone frontalière syro-turque. Personne ne bronche. L'Europe a simplement signalé à Erdogan qu'il allait un peu loin. Les Américains, qui ont des soldats auprès des Kurdes dans la région, n'osent pas réagir. Motif : la Turquie fait partie de l'OTAN et occupe une zone stratégique qui sert de tampon contre la Russie. Il se trouve cependant que M. Erdogan ne peut agir qu'avec l'assentiment de Moscou, qui le laisse faire, et que le seul pays capable d'arrêter son agression, c'est celui de M. Trump.
Bien entendu, il est difficile, pour Washington de décréter tout à la fois que la Turquie ne mérite plus le statut qu'elle a à l'OTAN (et dont elle se moque) et qu'il est temps de la menacer militairement. Ce que Trump ne veut ni dire ni faire, il le fera quand les premiers soldats américains tomberont sous les balles turques. La solidarité vient d'un potentat qui ne vous laisse plus le choix entre la vie et la mort.
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