Les croix vertes virent au rouge

Bilan économique : la dégringolade

Publié le 05/10/2009
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Les représentants de la profession ont une nouvelle fois tiré le signal d’alarme, à l’occasion de la 10e Journée de l’économie de l’officine organisée par « le Quotidien ». Les indicateurs économiques sont dans le rouge en 2008, selon la dernière enquête de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) dévoilée en intégralité pour l’occasion. Et 2009, ne s’annonce pas meilleure.
Un débat d’experts autour des chiffres clés de l’économie

Un débat d’experts autour des chiffres clés de l’économie
Crédit photo : S. toubon

C’EST DEVENU un rituel. Comme chaque année à la même époque, le conseiller économique de la FSPF, Patrice Ossent, et le président de sa commission Économie, Philippe Besset, s’installent à la tribune pour présenter les derniers chiffres de leur enquête économique. Au premier coup d’œil, les résultats pourraient laisser à penser aux participants de cette 10e Journée de l’économie de l’officine organisée par « le Quotidien » que la situation économique des pharmacies n’est pas si dramatique que cela. Leur chiffre d’affaires (CA) en 2008 progresse de 3,1 %, la marge de 3 % et l’EBE (excédent brut d’exploitation) de 0,8 %. Mais, à y regarder de plus près, la tendance est tout autre. Car, « la moyenne de l’année masque la dégradation intervenue tout au long de 2008 », explique Patrice Ossent. En observant les résultats des pharmacies en fonction du trimestre au cours duquel elles ont clôturé leur exercice, le monsieur « chiffre » de la FSPF décrit en effet un scénario complètement différent.

Ainsi, l’évolution du chiffre d’affaires enregistrée par ceux qui ont clôturé au premier trimestre et ceux qui l’ont fait au quatrième, passe de + 4,4 % à seulement + 0,8 %. Même constat pour la marge, où l’évolution part de + 2,8 % pour redescendre à 1,8 % à la fin de l’année. Quant à l’EBE, il s’écroule complètement selon le trimestre où le bilan est arrêté, allant de + 1,8 % à - 3,1 % sur le dernier trimestre de 2008. « Depuis 2005, il y a une nette tendance à la chute de l’EBE », souligne Patrice Ossent.

Trésorerie dégradée.

La situation de la trésorerie des pharmacies est également inquiétante. Elle s’est en effet dégradée de 11 000 euros entre 2007 et 2008. Les officines en difficulté - dont la trésorerie est négative - souffrent davantage encore. Leur trésorerie se serait même creusée de 38 000 euros en un an.

Malheureusement, il ne semble pas y avoir d’amélioration à attendre en 2009. En cause, notamment, la réduction des délais de paiement prévue par la loi de modernisation de l’économie (LME).

Mais la raison principale de la dégradation de l’économie repose sur la baisse du nombre de consultations médicales et la diminution des unités vendues qui va avec, estime Philippe Besset. Pour preuve, le marché du médicament remboursable accuse en 2008 la deuxième baisse de son histoire, après 2006. Depuis 2005, les ventes ont chuté de 280 millions d’unités et la marge sur le médicament remboursable enregistre en trois ans une perte de 200 millions d’euros, relève la FSPF.

Dans la salle, Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), affirme que la réalité est bien pire. « Les chiffres de la FSPF sont optimistes, estime-t-il. La dégradation économique est encore plus importante ». Et le président délégué de l’USPO remonte à la charge contre les emballages trimestriels. « Le poids des grands conditionnements sur l’économie n’est plus acceptable aujourd’hui. En outre, ils sont en contradiction avec la loi Hôpital, patients, santé et territoires qui prône le suivi thérapeutique », lance-t-il. Pour lui, non seulement les boîtes de trois mois coûtent à l’officine mais, en plus, elles sont source de gaspillage.

À ses côtés, Noël Renaudin, président du Comité économique des produits de santé (CEPS) ne s’en laisse pas compter. « Il y aurait du gaspillage ? Prouvez-le ! », rétorque-t-il. « Il n’est pas plausible de dire que cela a entraîné un gaspillage car nous n’avons pas observé une augmentation des unités de prises » dans les classes thérapeutiques concernées, argumente Noël Renaudin. Le président du CEPS ne semble pas non plus comprendre pourquoi les officinaux jugent inadmissible que l’effort sur les grands conditionnements repose essentiellement sur eux. « C’est la contribution de l’officine au plan de redressement de l’assurance-maladie », rappelle-t-il. Et d’ajoute : « Personne n’a jamais contesté que cela coûte aux pharmaciens. Cela a été fait pour cela ». La bataille pour la remise en cause des grands conditionnements n’est pas gagnée.

* Enquête réalisée à partir de 1 017 bilans clôturés en 2008.
CHRISTOPHE MICAS

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2691