La Quassia amara, arbuste utilisé en médecine traditionnelle en Guyane, a été, bien malgré elle, au centre d’un bras de fer, début février. La Collectivité territoriale de Guyane, soutenue par l’association France Libertés, a accusé l’Institut de recherche pour le développement (IRD) de biopiraterie.
En un mot, elles lui reprochaient d’utiliser des savoirs traditionnels à des fins commerciales, et ce « sans le consentement préalable des populations et en l’absence totale de retour pour le territoire », comme l’a indiqué Rodolphe Alexandre, président de la Collectivité territoriale de Guyane. L’IRD a en effet isolé sur la Quassia amara, la molécule simalikalactone E, ou SkE, pour laquelle il a déposé un brevet en 2009, dans le but de développer un antipaludique.
Innover sans piller
L’IRD a immédiatement calmé le jeu en proposant à la Guyane un protocole d’accord conjoint pour le « partage égalitaire des résultats de la recherche et de toute retombée économique et financière découlant de l’exploitation de ce brevet ». S’il trouve rapidement un épilogue, ce différend sera précurseur du projet de loi sur la biodiversité, voté le fin janvier au Sénat, et qui devrait repasser devant l’Assemblée nationale à l’été. Cette loi permettra à la France de ratifier le protocole de Nagoya sur la lutte contre la biopiraterie. « La France se donne les moyens d’innover sans piller », se félicite le ministère de l’Écologie, du développement durable et de l’énergie.
Ainsi cet engagement, pris lors du Sommet de la terre à Rio, en 1992, prévoit d’instaurer des règles de partage juste et équitable « des avantages retirés de la biodiversité et des connaissances traditionnelles des communautés d’habitants ». Le dispositif a été enrichi par les sénateurs pour inciter les sociétés utilisant cette biodiversité à la création d’emplois locaux, à la sensibilisation du public et à la formation des professionnels sur place.
Le ministère estime à 9 % le taux de brevets européens issus des ressources génétiques. Selon la même source, 25 à 50 % des médicaments à l’échelle internationale seraient issus de ressources génétiques. Parmi les tentatives les plus connues de biopiraterie, figurent la Gardenia tahitensis en Polynésie, sauvée par la maîtrise de la filière monoi, la Sacha inchi, plante amazonienne dont le brevet a été retiré in extremis en 2009, de même que le Neem, le margousier indien aux mille vertus.
Plusieurs brevets sur le Maca, le « Viagra péruvien », ont eux aussi été annulés par l’Office européen des brevets (OEB), suite à l’intervention de la Commission nationale péruvienne contre la biopiraterie. Les brevets sur l’utilisation médicale du Pelargonium ont connu le même sort, après que la communauté d’Alice, dans la province du Cap, en a contesté l’octroi à un laboratoire allemand.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion