Pour Gérard Hunault, installé depuis 1982 à Saint-Martin-de-Fontenay (Calvados), l'optique est un vieux projet de diversification. N'ayant pas trouvé d'opticien, il y avait renoncé. D'autant plus, lorsque, il y a une dizaine d'années, un opticien s'est installé dans cette petite commune de 2 000 habitants de la grande ceinture de Caen, avec une zone de chalandise de 6 000 personnes. Saint-Martin est bien dotée médicalement, avec notamment un cabinet de cinq généralistes et un ophtalmo à 2 km.
Mais quand l'opticien a fermé, début 2018, le pharmacien a vite réagi, avec un projet plus adapté à l'officine. Gérard Hunault connaît Yves Morvan, un confrère qui a créé Optic and Price, à Nantes (Loire-Atlantique), un concept d'optique pour officines. « C'est une structure qui nous appuie, explique le pharmacien normand. Elle aide à l'investissement, à l'agencement, elle apporte un savoir-faire, aide au recrutement et assure le stock et sa gestion. »
Espace dédié
L'espace dédié à l'optique se trouve à l'entrée de l'officine. L'opticien, Corentin Devaux, y a son bureau où il reçoit les patients, devant un présentoir de plus de deux cents paires de lunettes. La pièce, en retrait, est équipée d'un appareil d'examen de la vue Nidek, nouveau et compact. Le jeune opticien, dont c'est le premier poste, est titulaire d'un brevet de technicien supérieur (BTS) : il est donc habilité à réaliser des examens, à prévoir la correction nécessaire, et il peut renouveler une ordonnance de lunettes, pouvant désormais provenir d'un généraliste.
« J'ai investi environ 50 000 euros, précise Gérard Hunault, et je ne paye pas de royalties. J'ai une marge de 50 %, contre 70 à 75 % pour un opticien de ville, mais des frais inférieurs, comme le loyer puisque le local est celui de la pharmacie. Avec Optic and Price, à qui appartient le stock, les montures sont réassorties sitôt vendues, les collections sont renouvelées, nous avons aussi des marques. Nous proposons des verres, dont des verres sans reflets, compris aux patients CMU, et le reste à charge client ne dépasse pas 50 euros. Les patients ont pris l'habitude de ne pas payer à la pharmacie, et je voulais apporter cela à l'optique. »
À l'inauguration de son nouveau rayon, le pharmacien de Saint-Martin avait notamment invité les généralistes, et l'ophtalmo. Arrivé le premier, ce dernier s'est longuement attardé devant le matériel et a beaucoup discuté avec Corentin Devaux. En partant, il a invité le jeune opticien à venir assister à une opération de chirurgie qu'il pratique à Caen, invitation aussitôt acceptée, et bientôt honorée. Depuis, ce médecin envoie des patients à la pharmacie.
« À la fermeture de l'opticien, on a aussitôt fait savoir notre projet d'ouverture à nos clients ; si cet opticien n'avait pas fermé, on ne l'aurait pas fait, assure le confrère. Mais ici, même près de Caen (à une quinzaine de kilomètres), il y a des personnes âgées, des problèmes de mobilité. 73 % de notre chiffre d'affaires se rapportent à des ordonnances, on peut parler de clientèle captive. L'avenir de la pharmacie passe par le conseil, par le service, bien plus que par le discount. Nous devons aller vers le dépistage. Une préparatrice a suivi une formation en dermato-cosmétologie : qu'elle passe vingt minutes avec un client ne pose aucun problème. »
Gérard Hunault est tellement convaincu de l'utilité de son investissement et de son nouveau salarié que le premier client en optique a été… lui-même.
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