LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Quelles sont généralement les motivations qui poussent à l’engagement associatif ?
PASCAL DREYER.- La motivation exprimée voile généralement un ressort plus intime. Tout est une question de balance entre altruisme et égoïsme. La question du don est complexe car elle engage une attente de retour ; l’altruisme pur n’existe pas, il doit aussi être un motif de satisfaction de son égoïsme. Dans l’association le retour ne vient pas forcément de la personne à qui on fait le don, c’est ce qu’on appelle des bénéfices secondaires en obtenant, par exemple, plus de solidarité, de nouvelles relations, etc. Tout repose sur la relation entre donner, recevoir et rendre. Lorsqu’on s’engage, la motivation a toujours ce double visage altruiste et égoïste, mais très souvent les bénévoles n’en sont pas conscients.
Les pharmaciens s’engagent dans diverses associations, notamment des structures qui sollicitent leur compétence de professionnel. Sont-ils guidés par des motivations particulières ?
On s’éloigne aujourd’hui de l’ancien modèle associatif, celui de la religion, des syndicats et de la politique où l’engagement était porté par la structure associative. Aujourd’hui, les associations recrutent des compétences. Cela oblige à être professionnel tout le temps, que ce soit dans sa vie de parent, de professionnel ou de bénévole. Les associations se sont beaucoup professionnalisées ces vingt dernières années, elles ont créé des postes salariés, ce qui engendre un différentiel entre les bénévoles qui ont porté l’association et le salarié qui est replié sur la gestion du risque. Certaines sont très pointilleuses de par leur objectif, par exemple celles qui apportent un soutien en soins palliatifs et qui testent la motivation des bénévoles pendant un an avant de les laisser aller sur le terrain.
Quant aux motivations, elles dépendent de la classe d’âge et du statut du bénévole. Elles sont différentes s’il s’agit d’une jeune maman, d’un retraité, d’une personne en rupture professionnelle. Interviennent également le parcours individuel, la disponibilité, le terrain familial.
Comment choisit-on une association en lien avec son métier ou au contraire très éloignée de ses compétences habituelles ?
Tout dépend du rapport avec son métier. Certains veulent utiliser leurs compétences pour en faire profiter la communauté, d’autres au contraire vont les mettre en sommeil pour ne pas en être prisonniers. Il ne faut pas oublier les talents personnels, sans lien avec sa profession et prendre en compte le différentiel hommes-femmes. Les premiers sont dans une attente de réalisation sociale et le mode de gouvernance des associations en France est construit sur leur modèle de prise de décision qui est plus abstrait. Les femmes sont nombreuses dans le bénévolat mais ce sont des opérationnelles, on en trouve peu dans les centres de décision. Toujours est-il qu’en 2009, entre 18 et 55 ans, la motivation repose sur la cause défendue par l’association. La volonté d’être utile aux autres, même si elle est importante, est neutralisée par la volonté de s’épanouir à titre personnel. De 55 à 65 ans, en rupture définitive avec le monde du travail, l’investissement associatif représente une porte de sortie intéressante. Il y a alors une vraie préoccupation tournée vers autrui, vers le collectif.
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