LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. – L’émergence de pharmacies discount représente t-elle un phénomène notable dans l’univers officinal ?
ARNAUD CAZALBOU – On ne peut décemment pas parler de « phénomène » en ce qui concerne les pharmacies low cost. Certes, il en existe et certaines se font connaître en tant que telles mais leur nombre est infime en comparaison des quelque 22 500 pharmacies qui assurent le maillage du territoire. Aux yeux du consommateur, ces points de vente restent extrêmement marginaux, un caractère exceptionnel conforté par la rareté de cette politique de très bas prix qui de plus ne s’applique qu’à une catégorie bien définie du stock pharmaceutique, à savoir le non remboursé. Commercialement parlant, ce n’est donc pas un « phénomène » mais la profession a raison d’être interpellée sur la question.
Selon votre observatoire, quels critères permettent de classer une pharmacie en tant que discount ?
Un réseau discount se définit selon les marges qu’il pratique. Globalement, elles sont divisées par trois par rapport à un commerce spécialisé qui applique des marges d’environ 33 %. Actuellement, un seul réseau pharmaceutique répond à ces critères dans notre panorama de la distribution en France.
Les pharmacies low cost ne sont pas les seules à travailler leurs prix. Les enseignes de certains groupements présentent aussi des prix étudiés. Comment ont évolué ces structures lors des dernières années ?
Elles se multiplient et, là, on peut réellement parler de phénomène émergent. En deux ans, elles ont doublé, si bien que l’on peut évaluer à une vingtaine les structures qualifiées d’enseigne en 2009. C'est-à-dire qu’aujourd’hui, il existe une vingtaine de réseaux ou groupements qui ont initié des démarches identitaires plus ou moins complètes, auxquelles leurs membres peuvent adhérer. Cela se traduit par une charte de fonctionnement, une politique merchandising, un balisage de l’espace de vente ou encore un mobilier identiques. Dans ce contexte, la notion de prix n’est pas encore un moyen principal d’identification. Elle est trop récente dans l’histoire de la communication de la profession. La première enseigne, créée en 1989, Forum Santé, ne s’est pas définie par rapport aux prix qu’elle pratiquait et il a fallu attendre 2004 pour que le concept d’Univers Pharmacie soit associé à une politique de prix « agressive ». D’ailleurs l’affichage des prix consommateurs pratiqués dans les linéaires des officines n’est obligatoire que depuis 2003 et, pour la clientèle, l’idée qu’il puisse y avoir des produits moins chers dans certaines pharmacies est encore plus récente. Cela dit, à l’avenir, il est incontestable que la notion de prix va prendre sa place dans le marketing mix de l’univers pharmaceutique. Toute la profession s’y attend : avoir le droit de communiquer sur ses prix ou d’ouvrir son capital sont des évolutions incontournables. Si cela se produit, le visage de la distribution pharmaceutique pourrait considérablement changer et l’on assistera sûrement à la naissance de franchises et la formation de centrales d’achat.
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