L’ouverture du canal du Panama en 1912 pouvant exposer des populations nouvelles à une infection par la fièvre jaune - favorisée par les transports maritimes -, la Fondation Rockefeller dépêcha en 1918 une équipe en Équateur pour y évaluer l’endémicité de la maladie. Parmi ses membres, le microbiologiste japonais Hideyo Noguchi (1876-1928) crut que la fièvre était induite par un spirochète isolé du foie de certaines victimes. Il en tira un vaccin dont l’efficacité resta douteuse : effectivement, deux médecins américains, Max Theiler (1899-1972, Prix Nobel 1951) et Andrew W. Sellards (1884-1942), montrèrent en 1926 que ce leptospire n’avait rien à voir avec la fièvre amarile.
Le théâtre des opérations se transporta ensuite en Afrique : une mission fut menée à Lagos (Nigeria) par deux bactériologistes, Henry Beeuwkes (1881-1956) et Adrian Stockes (1887-1927). En juin 1927, ce dernier put transmettre la maladie à un singe à partir du sang d’un Africain nommé Asibi, dont il isola un virus qu’il appela « Amaril » (amarillo = jaune en espagnol) ; mais, lui-même contaminé, il mourut. Arrivé sur ces entrefaites, Noguchi restait persuadé que l’infection était due à un spirochète : il ne put le prouver mais contracta la fièvre dont il décéda en 1928.
Pendant ce temps, Sellards, installé à Dakar, y travaillait avec deux médecins français, Constant Mathis (1871-1956), directeur de l’Institut Pasteur au Sénégal, et Jean Laigret (1893-1966). Ils y isolèrent du sang d’un malade, en 1927, une autre souche virale dite « Française » (celle de Stockes étant la souche « Asibi »).
Deux vaccins en lice
Max Theiler marqua un point en réussissant à atténuer la souche Asibi par passages multiples sur cerveau de souris : il réduisit ainsi sa virulence hépatique mais au prix d’un neurotropisme exacerbé. Fort de sa découverte, il rejoignit l’équipe de la Fondation Rockefeller à New-York où, sous la direction de Wilbur A. Sawyer (1879-1951), il conçut un vaccin de type Asibi associé à un sérum humain destiné à limiter l’iatrogénie neurologique (encéphalites). Ce dernier fut injecté pour la première fois, avec succès, en 1931 à un médecin volontaire, Bruce Wilson.
Ayant quitté Dakar pour l’Institut Pasteur de Tunis, Laigret et Sellards y travaillaient quant à eux sur la souche amarile Française qu’ils atténuèrent en s’inspirant de la technique de Theiler et qu’ils administrèrent par scarification. Ce vaccin, moins bien toléré mais plus facile à produire, fut utilisé en Afrique francophone dès 1932.
L’histoire rebondit encore en 1937, lorsque l’équipe américaine, à force de passages sur des embryons de poulet privés de tissus nerveux, isola un mutant Asibi dit « 17D » mieux toléré et qui permit à Hugh H. Smith (1902-1993), de la Fondation Rockefeller, de vacciner la population brésilienne dès 1938.
La demande pour le vaccin explosa durant la Seconde guerre mondiale lorsqu’il fallut traiter les troupes américaines et des millions de doses furent alors injectées. Après le conflit, les deux vaccins furent utilisés à grande échelle, mais la mauvaise tolérance neurologique du vaccin français expliqua que sa production soit arrêtée en 1982. Depuis, seul le vaccin amaril « 17D » américain reste commercialisé, sous une forme améliorée et mieux stabilisée.
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