L'élection d'Emmanuel Macron apportait à la France la promesse d'une approche différente de la politique et le désir, pas critiquable en soi, d'en finir avec le clivage gauche-droite, dans un univers où la défaite des idéologies semblait, mais semblait seulement, céder le pas au pragmatisme. M. Macron et ses amis n'étant qu'humains, ils ont commis des erreurs, à la fois tactiques et stratégiques. Mais, totalement inattendue sous cette forme, la crise des gilets jaunes était inévitable. N'importe quel gouvernement aurait été contraint d'y faire face. Le président de la République n'a pas inventé la lune : il a arrosé l'incendie avec de l'argent. Là où il commençait à engranger quelques succès, par exemple aux élections européennes, est réapparu le syndicalisme sous sa forme monolithique. Cependant, il est plus difficile de croire à une déroute en rase campagne du gouvernement qu'à un dialogue susceptible d'arrondir les arêtes de la réforme des retraites. La galère devient insupportable, mais le temps politique est parfois long.
Population amère et révoltée
Toutefois, l'épreuve prive l'exécutif d'une partie de son sang. La colère, la mauvaise humeur et ces terribles cas de conscience idéologiques qui compliquent tant le dialogue ont affaibli la majorité, laissé un goût amer dans la population, ouvert la voie à tous les opportunismes, tandis que la République en marche ne parvient pas vraiment à unifier ses troupes avant les élections municipales. M. Macron, quoi qu'on en, dise, est à la fois protégé par les institutions (il peut se séparer d'Édouard Philippe à tout instant) et par la montée, apparemment irrésistible de Marine Le Pen. Les autres partis se plaignent de la permanence de ce match de boxe à plusieurs rounds. Il n'en demeure pas moins que la France de Macron a déjà écarté une fois l'extrême droite (et l'extrême gauche) du pouvoir et qu'elle peut renouveler cet exploit en 2022. L'expérience de Macron président est fulgurante : porté aux nues, puis accablé de critiques, souvent proche de l'effondrement, le chef de l'État est tout autant de fois né de ses cendres. Signe convaincant : pas une fois il n'a semblé à l'agonie ; pas une fois, il ne s'est retiré sur son Aventin ; pas une fois, il n'a renoncé à défendre et à justifier sa politique. Certes, la haine qu'il inspire dépasse, et de loin, celles qu'attiraient sur leurs personnes Nicolas Sarkozy et même François Hollande. Il garde une certaine popularité, comme Donald Trump qui, pourtant demeure l'OVNI le plus inquiétant de la politique internationale.
De ce point de vue, c'est-à-dire celui des femmes et des hommes qui ne sont hostiles ni à Macron ni à son programme mais qui ne s'expriment jamais, on peut espérer un 2020 plus tranquille. On assiste en ce moment à une conjugaison des cris de la foule, des vociférations des traîtres, notamment chez ceux qui ont conseillé Macron et le désavouent aujourd'hui, au lissage des commentaires journalistiques, tous appuyés sur la détestation de gauche ou de droite de Macron et, enfin, au moulin incessant et puissant des réseaux sociaux qui taillent en pièces n'importe quelle décision du pouvoir. Au terme de cette bataille fort inégale, il se peut que Macron, comme son prédécesseur, rende les armes. Mais si la réforme des retraites passe, même avec les probables améliorations exigées par des syndicats et des élus, Macron aura bel et bien accompli sa mission.
Macron n'est pas inerte
Sur le plan diplomatique, on continue à se moquer du président et de l'influence qu'il souhaite exercer en Europe. Pourtant, il n'est pas inerte. Il s'est livré à une provocation contre l'OTAN. Ne doit-elle pas elle aussi trouver une vocation différente ? Il rencontre des difficultés au Sahel (et la mort de treize de nos soldats dans une collision d'hélicoptères est pour nous tous un chagrin durable), mais qui, en Europe ou à l'OTAN vole au secours de la France ? Le chef de l'État ne croit pas qu'il doive s'abstenir en toute circonstance, parce qu'on ne peut pas changer l'OTAN, parce qu'on ne peut pas changer l'Union européenne, parce qu'on ne peut pas changer Poutine. En Ukraine, pourtant, il a déjà été utile, même si la perspective d'un retrait russe du Donbass et a fortiori de Crimée est à peu près nulle. Il tient tête à Trump, crocodile dans le marigot atlantique, même s'il ne le convainc pas plus qu'il ne convainc Poutine. Comment ne pas comprendre qu'à l'heure du Brexit, des ambitions de la Russie et de la Chine, du terrorisme tous azimuts, d'une crise sans précédent de l'environnement, il faudrait secouer ces branches où sont posés des dirigeants impassibles qui voient le monde s'effondrer sans réagir ?
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion