La sauvage Charente-Maritime

Allons à Oléron

Publié le 06/04/2010
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Meurtrie par la tempête Xynthia fin février, l’île atlantique a repris doucement sa vie. Les établissements hôteliers n’ont presque rien subi.
À la tombée de la nuit, une île toujours lumineuse

À la tombée de la nuit, une île toujours lumineuse
Crédit photo : DR

Les anciennes cabanes d'ostréiculteurs, devenues maisons d'artiste

Les anciennes cabanes d'ostréiculteurs, devenues maisons d'artiste
Crédit photo : DR

Un lieu important de pêche artisanale

Un lieu important de pêche artisanale
Crédit photo : DR

Des hectares de forêt, à parcourir en vélo

Des hectares de forêt, à parcourir en vélo
Crédit photo : DR

C’EST VRAI, il faut être assez motivé pour aller à Oléron. C’est qu’elle se mérite, « l’île lumineuse », la plus grande de la côte atlantique française ! Mais une fois arrivé, on ne regrette pas le trajet assez laborieux. On s’attend à voir l’océan, beaucoup d’océan. C’est le cas, mais, pas seulement, car l’île compte des hectares et des hectares de forêts (au moins 1 200 avec la forêt des Saumonards et 2 000 à Saint-Trojan-Grand-Village). Ces forêts domaniales ont été plantées en 1840. La tempête de 1999 leur a « offert » en quelque sorte une régénérescence naturelle. On se retrouve donc facilement perdu au milieu des pins, des chênes et des mimosas.

Tout à vélo.

Le village vacances Arc en Ciel du groupe Cap France offre une solution d’hébergement intéressante en pleine pinède de Saint-Trojan-les-Bains, au sud de l’île. En un coup de pédale, on se retrouve dans les dunes ou sur les magnifiques plages de sable fin, Gatseau Petite Plage et Grande Plage. De fait, comme sa voisine l’île de Ré, Oléron se parcourt à bicyclette, à travers bois et marais. Des pistes cyclables s’étendent sur 110 km. Et l’île fait 30 km sur 10. Si on a de bons mollets,

on peut même rouler jusqu’au château d’Oléron et grimper (à pied) sur les remparts de la citadelle, construite par Vauban, ruines qui ont subi le bombardement

de 1945.

En redescendant, le vélo se révèle le meilleur moyen pour passer entre ces petites maisons colorées, anciennes cabanes d’ostréiculteurs qui hébergent aujourd’hui les ateliers d’artistes et artisans (travail sur cuir, sur verre, peintres, bijoutiers, etc.). Le port des Salines est à ce titre incontournable, même si ses allures touristiques peuvent un peu agacer. On peut au moins y faire une escale, le temps d’un dîner au Relais des Salines. Le menu épinglé sur le mur en bois, aux côtés de nombreuses et avantageuses coupures de presse, est alléchant : les 6 p’tites huîtres de la verte inconnue, le gâteau des belles demoiselles au jus de palourdes, le dos de beau loup bar de ligne aux huîtres et

purée de vitelottes (variété ancienne de pomme de terre à la chair violette) et « en flot » (dessert), l’indétrônable coupe

pirate à la sève « feu de joie ».

Tout un programme pour ces marins d’eau douce qui, ici, se réclament du « front de libération de la moule », affichant (il y a beaucoup de lecture sur ces planches quand le restaurant est fermé) que « nous ne servirons jamais de moules-frites, tradition oléronaise oblige ». Les amateurs de ce savoureux mariage se consoleront dans d’autres ports où, en effet, les adresses de moules-frites ne manquent pas (notamment à Saint-Trojan). Pour les plus paresseux, il existe une autre solution, tout du moins pour accéder aux plages de Gatseau et de Maumusson. C’est le P’tit train de Saint-Trojan, qui traverse des pinèdes inaccessibles sur 12 km aller et retour.

Chasse au trésor.

Autre balade possible, direction le port de la Cotinière. Premier port de pêche artisanale en France, on y voit débarquer des seiches, maigres, céteaux, langoustines, lottes, soles, raies. On peut aussi passer prendre un verre au port de plaisance de Saint-Denis-d’Oléron, après une visite du phare de Chassiron, d’où l’on aperçoit l’île de Ré. Depuis 150 ans, ce phare assiste les marins naviguant dans les eaux dangereuses du pertuis d’Antioche. Il est entouré d’écluses à poissons et d’un jardin.

Plus au sud, et dans les terres, les admirateurs de Pierre Loti peuvent rendre hommage au navigateur et écrivain à Saint-Pierre, où il repose depuis 1923. Pour ceux qui viennent sur l’île avec des enfants, il sera probablement difficile d’échapper à une petite croisière au départ de Boyardville, direction le fort Boyard, qui abrite l’indétrônable jeu télévisé depuis la fin des années 1980. L’histoire tumultueuse de ce fort, de 68 m de long sur 31 m de large, enroché sur un banc de sable, rattaché à la commune d’Île-d’Aix et qui, depuis 1950, est classé à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, pourra intéresser aussi même les plus réfractaires au jeu. Ils s’amuseront sans doute de découvrir dans quels autres programmes télévisés et dans quels films il apparaît. On en rappelle un ici : « Liberté Oléron », réalisé par Denis Podalydès en 2001. Alors autre jeu (non télévisé cette fois), repérer sur l’île la maison où a été tournée la majorité du film.

› AUDREY BUSSIÈRE

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2739