Les Français approuveraient le contenu de la loi de moralisation de la vie politique s'ils en trouvaient l'application concrète dans le cas Ferrand. Au lieu de quoi, le président, le Premier ministre et le ministre de la Justice leur envoient un message brouillé destiné à les persuader du mérite d'une position en vertu de laquelle M. Ferrand peut rester à son poste de ministre de la Cohésion des territoires tant qu'il n'est pas mis en examen. Cette position était déjà difficilement défendable tant que la presse, tout aussi décriée par le nouveau pouvoir que par le précédent, n'avait pas encore fait son travail d'investigation. Les révélations apportées la semaine dernière sur les affaires privées de M. Ferrand auraient dû suffire à modifier l'attitude du gouvernement.
Ce n'est pas, d'ailleurs, que le projet de loi de M. Bayrou n'ait pas ses qualités. Il va loin dans les contraintes imposées aux élus, à tel point que l'on peut se demander si le texte ne dissuadera pas beaucoup d'hommes et de femmes d'entamer une carrière politique. Non-cumul des mandats strict, frais nécessairement justifiés, suppression de la réserve parlementaire, limitation à trois des mandats successifs, interdiction faite aux élus de recruter des membres de leur famille, le mandat électif ne sera plus une sinécure. Tant de rigueur décidée pour l'avenir mais nulle et non avenue pour le présent, voilà qui rend perplexe.
La ligne de défense du gouvernement s'appuie en outre sur deux éléments qui ne sont pas convaincants. L'affaire Fillon a provoqué assez de stupeur pour qu'on ne rejoigne pas aujourd'hui la position de l'ancien candidat à la présidentielle avec la même inconséquence. Comme François Fillon, Richard Ferrand, mais aussi le président et le Premier ministre, ont fait de la résistance dans le bunker une tactique qu'ils croient fondée sur le courage, l'abnégation et la solidarité avec un homme si contesté. Comme s'ils n'avaient pas tiré la leçon d'un précédent si récent. L'autre argument porte sur le rôle de la presse qui ne devrait pas s'arroger des fonctions judiciaires. C'est une conception alarmante du fonctionnement de la démocratie. La presse joue son rôle d'alerte. Elle enquête, ce qui fait partie de ses fonctions. Si elle trouve des éléments à charge, l'homme concerné doit leur trouver une explication viable. Il ne peut pas continuer à dire qu'il n'est pas coupable ou pas responsable. Enfin, sans les révélations fournies la semaine dernière par « le Monde » et par « le Parisien », le tribunal de Brest n'aurait pas fini par décider, après avoir renoncé à le faire, d'ouvrir une enquête.
La liberté de la presse en question
Les journalistes ont tous remarqué que les équipes de M. Macron ne les traitaient pas toujours avec sollicitude, alors qu'elles sont tenues de respecter le droit du public à l'information ; que l'Élysée entendait choisir lui-même les membres de la presse qui couvrent les événements présidentiels, ce qui contraire à l'éthique : il appartient aux seules rédactions de désigner leurs représentants. Bref, tout se passe comme si le pouvoir envisageait de contrôler les médias, ce qui est à la fois inacceptable et absurde.
Un petit rappel à l'ordre de la part de la presse le fera sûrement fléchir et il n'est pas question ici de transformer de petits dérapages d'apprentissage en combat pour la démocratie. M. Macron, néanmoins, doit cependant séparer le bon grain de l'ivraie. Il n'est pas facile d'abandonner à son sort un soldat fidèle, utile, dévoué, extrêmement proche du président. Mais ce que le chef de l'État doit à Richard Ferrand pèse beaucoup moins que ce qu'il doit à ses millions d'électeurs. À ce jour, sa campagne ne semble pas souffrir de l'affaire. Un sondage Harris Indeed lui accorde 31 % des suffrages, contre 18 % pour la droite et pour le FN, 11 seulement pour la France insoumise, 8 pour le PS et prévoit que la République en marche, avec le MoDem, obtiendrait au moins 330 sièges, soit 40 sièges de plus que la majorité absolue, au terme du second tour. Ne pas gâcher une si belle victoire.
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