En 1922, la Fédération des sociétés pharmaceutiques et la faculté de pharmacie de Paris décidèrent d’honorer les 321 pharmaciens et étudiants « morts pour la France » pendant la guerre par l’érection d’un monument et la publication d’un « livre d’or » évoquant le parcours de chacun d’entre eux. Le monument et le livre furent financés par une souscription lancée auprès de la profession. Installé dans le jardin botanique de la faculté de pharmacie, avenue de l’Observatoire, le monument, inauguré le 21 février 1926, représentait un jeune pharmacien auxiliaire mourant. Il fut détruit dès l’été 1940 par l’occupant nazi, comme nombre de monuments français commémorant la Grande Guerre, et ne fut jamais reconstruit.
Le livre d’or, rédigé dans un style solennel, permet de suivre la destinée de tous les pharmaciens tombés pendant le conflit ou décédés de ses suites, même si quelques notices sont incomplètes ou fragmentaires. Sur ces 321 victimes, 149 étaient des pharmaciens affectés au Service de santé des armées, lequel en employa au total 2 139. Les autres étaient soit des pharmaciens versés dans des unités combattantes, soit des étudiants en pharmacie, essentiellement employés comme « infirmiers brancardiers », ainsi que quelques pharmaciens civils.
Le 10 août 1914, le lieutenant Louis Moissan, jeune pharmacien de 21 ans, tombe à Mangiennes, dans la Meuse. Il fut le premier pharmacien victime du conflit, vite suivi, le 18 août, par le major Édouard Bouisson, tué à Nogent-sur-Marne, puis par trois autres pharmaciens au cours du même mois. L’énumération des confrères morts pour la France ne s’arrête pas le 11 novembre 1918 : plusieurs d’entre eux, victimes des gaz ou gravement blessés, meurent dans les mois ou les années qui suivent la Victoire. Charles Ernault, pharmacien à Saulieu, en Bourgogne, décède le 1er juin 1923 « des suites de la guerre » et ferme ainsi cette longue liste. On constate, en la parcourant, que plus de la moitié des pharmaciens sont morts des suites de maladies contractées dans les hôpitaux où ils exerçaient, les autres ayant été le plus souvent tués lors d’opérations de brancardage ou dans des postes de secours très exposés.
Les pharmaciens Gustave Bareaud et René Lafosse, de même que l’étudiant Royer, tombent en 1916 dans le tunnel de Tavannes, qui servait d’abri à plusieurs régiments pendant la bataille de Verdun et fut attaqué plusieurs fois. Quelques malchanceux ont aussi perdu la vie lors du bombardement d’hôpitaux ou de pharmacies militaires. Le livre d’or honore enfin la mémoire des pharmaciens non mobilisés morts pour la France, comme Théodule Doucedame, installé à Vailly, dans l’Aisne, et tué à 62 ans, le 7 novembre 1915, « par un obus tombé sur sa pharmacie ».
De nombreux « livres d’or » du même type furent réalisés dans les années 1920, centrés sur des professions ou des universités. La faculté de pharmacie de Nancy en édita un dès 1920, mais consacré uniquement à son personnel et ses étudiants.
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