LA MISE EN PÉRIL des trois piliers de l’officine française, combattue par l’ensemble de la profession ces dernières années, n’est plus qu’un mauvais souvenir. Pour autant, il n’est pas question de baisser la garde après ces épreuves d’intimidation. Au contraire.
« Au mois de mai, la décision de la Cour de justice des communautés européennes (CJCE) est venue conforter la notion de subsidiarité et la possibilité donnée aux États d’organiser le réseau officinal en fonction des besoins de santé publique, souligne Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). L’indépendance nécessaire du pharmacien dans la prise des décisions au sein de l’officine permet de garantir le plus haut niveau de sécurité en termes de santé publique et justifie de réserver le capital des pharmaciens. »
Échaudé par les dernières attaques dont il a fait l’objet, que ce soit par le biais de rapports à charge, des questions posées par la Commission européenne ou de l’estocade de Michel-Edouard Leclerc dans le but de faire sortir le médicament de l’officine pour l’exposer dans ses rayons, le pharmacien garde son fleuret en main pour prendre d’assaut l’article 38 de la loi Hôpital patients santé territoires (HPST). « Le pharmacien est désormais reconnu comme un acteur majeur au sein des professions de santé, reconnaissance inscrite dans la loi », note Yves Trouillet, président de l’Association de pharmacie rurale (APR).
Du petit risque au dépistage.
Soins de premiers recours, coopération entre professionnels de santé, acteur de la permanence des soins, acteur de veille et de protection sanitaire sont les quatre missions obligatoires de la pharmacie d’officine. « Quatre autres missions vous incitent à prendre une place importante : faire l’éducation thérapeutique des patients, être pharmacien référent en EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), être correspondant de l’équipe de soin (possibilité de renouveler les traitements chroniques, d’adapter les posologies et d’effectuer des bilans de médication pour les patients atteints de maladies chroniques), proposer des conseils et prestations afin de favoriser l’amélioration ou le maintien de l’état de santé des personnes. Ce texte trace la route, il n’apporte pas les solutions mais nous invite à proposer des actions », souligne le président Gaertner. C’est pourquoi les officinaux sont appelés à s’investir. « Il reste encore beaucoup à faire, ne serait-ce que pour mettre en place chacune de ces missions. Formez-vous et formez vos équipes, c’est un outil majeur de votre développement », lance Thierry Barthelmé, président de l’UTIP.
Des missions qui doivent être rémunérées, comme l’a indiqué Yves Trouillet, à moins de vouloir « déstabiliser nos officines déjà bien mal en point ». Actant qu’une rémunération est déjà approuvée pour le travail auprès des EHPAD, l’APR espère l’introduction prochaine de l’honorariat. Pour Yves Trouillet, « notre avenir sera ce que nous en ferons ».
La FSPF veut porter un engagement fort dans trois chantiers, à commencer par celui de la loi HPST. Il s’agit de veiller à la parution des décrets d’application et des autres textes réglementaires y afférant, notamment sur les thèmes de la coopération interprofessionnelle (et de sa rémunération) et de l’éducation thérapeutique. Le 2e chantier concerne les relations avec l’assurance-maladie et les complémentaires. « Il faut envisager de nouvelles prises en charge des organismes complémentaires, du petit risque chaque fois que le recours au médecin n’est pas indispensable, jusqu’à la mise en route de programmes de dépistage et d’accompagnement des patients. » Le 3e chantier touche à l’intégration des médicaments dans le forfait de soins dans les maisons de retraite.
Si 2009 est placée sous le signe de l’espoir, rien ne se gagne sans combattre. Philippe Gaertner le rappelle, « la situation est difficile et tendue pour beaucoup de confrères. Nous revendiquons une bouffée d’oxygène par le relèvement de la 1e tranche et la modification des prix liés aux grands conditionnements. Nos nouvelles missions ne sont réalisables que si l’économie de l’officine peut les porter ».
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