AVEC 21 549 officines en 2009, soit une pour 3 800 habitants, le nombre de pharmacies en Allemagne est identique, à 10 unités près, à ce qu’il était en 2001. Toutefois, l’année 2009 a vu la fermeture de 352 officines, un « record » qui inquiète la profession, et seulement 298 créations, soit un quart de moins que ces deux dernières années. Surtout, la tendance à la « filialisation » des officines ne cesse de s’accélérer : depuis 2004, les pharmaciens peuvent en effet posséder jusqu’à 4 officines. Il y a 6 ans, le pays ne comptait que 632 « filiales » de pharmacies, alors qu’elles sont aujourd’hui plus de 3 200. Ces évolutions démographiques sont le reflet de la crise que traverse la profession, à l’image des chiffres d’affaires qui n’ont progressé que de 1,4 % l’an dernier, et encore uniquement grâce aux prescriptions, passées de 75,9 % du CA en 2006 à 77,8 % en 2008 puis 78,6 % l’an dernier. À l’inverse, les ventes d’OTC sont en forte baisse (- 11 millions de boîtes ont été “perdues” l’an dernier par rapport à 2008, qui en avait déjà “perdu” 29 millions par rapport à 2007) et la part croissante des ventes par correspondance et par Internet dans ce domaine, aggrave encore la situation pour les pharmacies traditionnelles.
Faut-il dès lors baisser les bras et se lamenter ? Organisateur des journées économiques, le Syndicat des pharmaciens allemands (DAV) voit néanmoins quelques raisons d’espérer, et avait invité plusieurs orateurs à présenter leurs visions de la pharmacie dans 10 ans. En attendant cet horizon, les pharmaciens ont pris connaissance avec un soulagement relatif de la dernière enquête du principal institut de consommateurs allemands, venu « tester » un certain nombre d’officines, mais aussi de pharmacies virtuelles. Contrairement à une enquête précédente, celle de 2010 décerne des notes plutôt favorables aux officines, mais pointe l’insuffisance du conseil dans plusieurs pharmacies, et les différences de prix excessives. À l’inverse, elle critique sévèrement les pharmacies virtuelles, tant en matière de conseil, inexistant, que de délivrance et même de déontologie.
Par ailleurs les pharmaciens se sont félicités de la décision, maintenant officielle, du gouvernement d’interdire les « dépôts d’ordonnances » dans les drogueries et autres magasins généraux : ces commerces proposaient à leurs clients d’y déposer leurs ordonnances, puis se chargeaient de les faire honorer par une pharmacie virtuelle partenaire, les patients venant ensuite les récupérer au magasin. Le système, dénoncé par les pharmaciens pour son manque de sécurité, a été expérimenté localement par quelques chaînes de drogueries, mais fera donc bientôt partie du passé. Cette mesure a été annoncée la semaine dernière par le ministre de la Santé, le Dr Philipp Rösler, mais d’autres aspects moins roses de son plan médicament toucheront les officines, comme la poursuite des rabais. Les laboratoires doivent en effet, tous les trois mois, faire des offres aux caisses de maladie en leur proposant des rabais sur certaines prescriptions, à charge aux pharmaciens de délivrer les médicaments les plus fortement discountés. Cette activité n’a pas de conséquence économique pour eux, puisque les rabais n’influent pas leur rémunération à l’honoraire, mais les oblige à avoir beaucoup de stock pour pouvoir toujours délivrer les marques les plus économiques du moment.
Ces rabais représentent une surcharge administrative pour les pharmacies, sans compter les difficultés pour certains patients. Le gouvernement estime que 75 % des patients n’ont pas de problèmes lorsqu’ils voient leurs médicaments changer de nom ou de présentation tous les trois mois… mais les pharmaciens rappellent, eux, qu’ils doivent constamment aider les 25 % de patients restants à s’y adapter. Quoi qu’il en soit, le gouvernement a annoncé sa décision de poursuivre et d’élargir sa politique de rabais, dont les montants maximums, pour les spécialités originales, passeront de 6 à 16 %. Enfin il a annoncé un moratoire des prix jusqu’en 2013, en rappelant que le médicament allemand reste toujours le plus cher d’Europe, et que cette tendance doit s’inverser.
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