Cet été, « Le Quotidien du pharmacien » a voulu sonder l’état d’esprit des titulaires en leur posant la question suivante : « Si c’était à refaire, vous installeriez-vous aujourd’hui ? ». La majorité des pharmaciens interrogés répond par la négative, ce qui témoigne des difficultés que connaît aujourd’hui la profession.
« Si c’était à refaire, vous installeriez-vous aujourd’hui ? ». Vous êtes déjà près de 400 à avoir répondu à notre sondage sur le site Internet du « Quotidien du pharmacien ». Cette question, vous êtes sans doute nombreux à vous l’être posée à un moment ou un autre de votre carrière et peut-être encore plus aujourd’hui. Être titulaire c’est pouvoir diriger sa propre entreprise, construire son projet et s’épanouir, tout en offrant un service essentiel à la population de sa ville, de son village ou de son territoire. Être titulaire en 2024, c’est aussi devoir composer avec les difficultés de recrutement, la peur de ne pas trouver de repreneur au moment de partir, subir l’inflation et l’augmentation des charges, gérer les pénuries de médicaments, assumer des gardes qui empiètent sur la vie personnelle…
Si être à la tête de sa propre officine est pour beaucoup de pharmaciens l’objectif d’une carrière, des titulaires admettent aujourd’hui qu’ils ne referaient sans doute pas le choix de s’installer aujourd’hui. C’est en tout cas le sentiment de 57 % des pharmaciens qui ont exprimé leur avis sur notre site Internet. Pour certains, l’expérience a été douloureuse, comme Fred, qui a décidé de renoncer. « Installé depuis 12 ans, j’ai vendu ma pharmacie pour 1 euro symbolique. Impossible de continuer sans personnel avec toutes ces missions mal rémunérées et très chronophages. Je quitte le bateau pour ne pas mourir d’épuisement ou faire un burn-out. » Pour Erwann, le constat est tout aussi radical : « Installé depuis 10 ans, pharmacie en vente, pressé d'en finir. ». Même sentiment pour Sidney, qui ne parvient pas à céder son officine. « Pharmacie à vendre depuis 2 ans autour d’un million d’euros à Paris, personne ! Hâte d'en finir, on n'est pas considérés ! ».
Pour d’autres titulaires, les avis sont plus nuancés. Si certains admettent qu’ils ne s’attendaient pas à rencontrer toutes ces difficultés, hors de question d’abandonner pour autant. « Ce n’est pas évident, j'ai envie de dire non, compte tenu des difficultés que j'ai vécues en 25 années de galère, explique d’abord Thilo. Aucun chef d'entreprise hors professions de santé n'accepterait d'investir autant pour l'achat d'un commerce avec autant de contraintes et une rentabilité aussi faible… D'un autre côté, je viens de m’endetter à 61 ans pour transférer mon officine, donc manifestement, j'en veux encore ! », conclut ce pharmacien. Tenir bon malgré les déceptions, c’est aussi l’état d’esprit de Priscille. « Douze ans d'installation et l'impression que notre avenir est de plus en plus incertain alors que je devrais être plus sereine… Je ne compte pas mes heures, je m'octroie peu de vacances… J'aime mon métier mais difficile aujourd'hui d'encourager les jeunes à suivre le même chemin. Il faut tenir le coup, pas trop le choix. » Pour Yannick, l’optimisme demeure, malgré tout. « On ne se sait ce que réserve l’avenir (…) Le moral est au fond des chaussettes mais le regard vise vers l’horizon. TENEZ BON ! L’avenir nous appartient. » D’autres, enfin, estiment que les titulaires ont également des solutions à leur disposition pour mieux vivre leur exercice professionnel. « Il faut s'adapter ! Je vois que beaucoup se plaignent du nombre d'heures effectuées… Pourquoi ne ferment-ils pas le samedi ou le lundi et ne réduisent-ils pas leurs horaires ? En Allemagne, les pharmacies ferment à 18 heures, voire 17 heures… En plus cela permet de concentrer les horaires du personnel », propose ainsi Michel.
Quoi qu’il en soit le sondage propose cet été par « Le Quotidien du pharmacien » confirme une tendance lourde. Beaucoup (trop) de titulaires se sentent épuisés, déçus ou ressentent de l’anxiété quant à leur avenir. Même ceux qui n’envisagent pas une seconde l’idée de renoncer admettent que leur travail quotidien est gâché par tous les problèmes, organisationnels ou économiques, que subit l’officine aujourd’hui. Autant de ressentis que les pouvoirs publics vont devoir prendre en compte à l’heure où le nombre de fermetures d’officines augmente, où les études de pharmacie n’attirent pas assez de candidats et surtout face au risque de voir des patients avoir de plus en plus de mal à accéder à leurs traitements.
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