Des chercheurs américains apportent de nouveaux éléments en faveur de la piste d’un traitement immunomodulateur, tel que les corticoïdes ou des anti-IL-6, dans certaines formes sévères de l’infection Covid-19.
Dans « Nature immunology », l’équipe dirigée par Matthew Woodruff de l’université Emory (Atlanta) montre qu’il peut exister dans certains cas une activation exubérante extrafolliculaire des cellules B. Ce processus, censé activer plus rapidement les lymphocytes B que la maturation habituelle folliculaire, a été décrit dans la pathogénie de certaines maladies auto-immunes, telles que le lupus.
« Ces résultats suggèrent fortement un rôle pathologique de l’activation immunitaire dans des sous-groupes de patients infectés par le Covid-19 », écrivent les auteurs. L’identification des patients candidats à un traitement immunomodulateur pourrait se faire à l’aide d’un profilage immunitaire soigneux.
Cette étude a inclus 37 sujets sains et 17 ayant une infection à SARS-CoV-2 confirmée par PCR, dont dix ont présenté une forme sévère avec hospitalisation en soins intensifs.
Pour ce travail, les chercheurs ont caractérisé par cytométrie de flux à haute résolution la réponse cellulaire B dans les populations effectrices et immatures. L’activation extrafolliculaire observée dans certains cas sévères était fortement corrélée à une expansion large de cellules productrices d’anticorps (Ac) ainsi qu’à une production précoce à fortes concentrations d’Ac neutralisants anti-SARS-CoV-2. Ces mêmes patients présentaient par ailleurs des biomarqueurs élevés d’inflammation, une dysfonction multiviscérale voire un décès. Ce constat amène les auteurs à penser que toutes les réponses par Ac ne sont pas bonnes à prendre.
Si d’autres équipes ont observé une réponse par auto-Ac à la phase aiguë de l’infection, les chercheurs d’Atlanta sont en train à leur tour d’explorer le phénomène d’Ac auto-réactifs dans le Covid. Un suivi à long terme permettrait de savoir si ce type de réponse est en jeu dans certains symptômes persistants, tels que
les arthralgies ou encore la fatigue, rapportés par certains patients.
M Woodruff et al. "Nature immunology", 2020. doi.org/10.1038/s41590-020-00814-z.