Selon les auteurs, il s’agit de la plus grande étude à ce jour portant sur le Covid long, impliquant plus de 87 000 personnes atteintes de Covid, et près de 5 millions de témoins.
Pour dresser cet état des lieux, les auteurs se sont appuyés sur les bases de données de santé des anciens combattants des États-Unis (US Department of veterans affairs electronic health databases) afin d'identifier de manière exhaustive les séquelles à six mois chez des personnes ayant survécu au Covid après 30 jours. Ils ont utilisé une approche globale, prenant en compte au cours de ces six mois les nouveaux diagnostics établis (quels qu'ils soient), le recours à des médicaments inhabituels et la survenue d'anomalies biologiques.
Un risque de décès qui augmente avec la sévérité du Covid
Dans un premier temps, l'analyse a porté sur 73 435 patients ayant été positifs au Covid mais sans avoir été hospitalisés et 4 990 835 témoins. Elle a montré que les survivants du Covid présentaient un risque de décès de près de 60 % plus élevé au cours des six mois par rapport au groupe témoin, avec une surmortalité estimée à 8 pour 1 000 patients.
Dans un second temps, les auteurs ont comparé 13 654 patients ayant été hospitalisés pour Covid et 13 997 patients hospitalisés pour une grippe saisonnière et ont rapporté un risque accru de décès associé au Covid (HR = 1,51), avec une surmortalité estimée à 29 pour 1 000 personnes à six mois.
« Le Covid long est davantage qu’un syndrome postviral typique. Et ces décès ultérieurs dus à des complications à long terme de l’infection ne sont pas nécessairement enregistrés comme des décès dus au Covid », remarque Ziyad Al-Aly, premier auteur, qui considère ainsi que le nombre de décès liés directement à l'infection n'est que la partie émergée de l'iceberg.
« Le risque est évident, même chez les personnes qui ont eu une maladie aiguë légère, souligne Ziyad Al-Aly. Mais le risque augmente considérablement chez les personnes qui ont dû être hospitalisées, et il est encore plus élevé chez celles qui ont eu besoin de soins intensifs pendant la phase aiguë de l’infection. »
Un large panel de manifestations
En plus des troubles respiratoires (toux persistante, essoufflement…), les troubles rapportés dans l'étude sont de différente nature : troubles du système nerveux (AVC, anosmie, céphalées…), troubles neurocognitifs, troubles de la santé mentale (dépression, anxiété…), troubles métaboliques (diabète, obésité…), troubles cardiovasculaires (insuffisance cardiaque…), troubles gastro-intestinaux (constipation, diarrhée…), troubles dermatologiques (éruptions cutanées, perte de cheveux…), troubles rénaux, troubles de la coagulation et troubles de l'état général (malaise, fatigue, douleurs musculo-squelettiques et anémie).
« Le Covid long est réel et grave », alerte Ziyad Al-Aly, qui appelle à se protéger d'une éventuelle infection, en particulier par la vaccination, du fait du lourd fardeau associé au Covid. Pour les auteurs, ces résultats fournissent ainsi une feuille de route qui devrait notamment aider à l’élaboration de stratégies de soins multidisciplinaires pour réduire ce fardeau. « Les gouvernements et les systèmes de santé devraient être préparés. Il y aura des millions de personnes souffrant de Covid long dans les années à venir, et ces personnes auront besoin de soins holistiques multidisciplinaires intégrés. Les systèmes de santé doivent s’adapter rapidement à cette réalité », prévient Ziyad Al-Aly.
Une meilleure compréhension des mécanismes biologiques sous-tendant le Covid long est nécessaire, estiment les auteurs. Plusieurs hypothèses sont avancées, comme la persistance du virus, une hyperactivation du système immunitaire ou bien encore des changements économiques ou sociaux.