Cette revue des antibiotiques au stade clinique et de ceux en début du développement fait le constat d’un « pipeline presque statique » et de produits offrant un « bénéfice clinique limité » par rapport aux traitements existants. Quelque « 82 % des antibiotiques récemment approuvés [sont] des dérivés de classes d'antibiotiques existantes avec une résistance aux médicaments bien établie », est-il relevé. Et, difficulté supplémentaire, parmi les produits novateurs, « seule une fraction arrivera sur le marché en raison des défis économiques et scientifiques inhérents au processus de développement de médicaments », est-il souligné.
« L'incapacité persistante à développer, fabriquer et distribuer de nouveaux antibiotiques efficaces alimente davantage l'impact de la résistance aux antimicrobiens et menace notre capacité à traiter avec succès les infections bactériennes », s’inquiète la Dr Hanan Balkhy, directrice générale adjointe de l'OMS pour la résistance aux antimicrobiens.
Une première mise en avant des médicaments antibactériens non traditionnels
Les bactéries résistantes sont responsables de plus de 68 000 décès chaque année en Europe et aux États-Unis. Mais l’impact est plus important dans les pays à faible revenu et parmi les groupes les plus vulnérables, et notamment les plus jeunes. Selon une étude du « Lancet », environ 30 % des nouveau-nés atteints de septicémie meurent en raison d'infections bactériennes résistantes à de multiples antibiotiques de première intention.
Face au manque de progrès, le rapport explore pour la première fois les médicaments antibactériens non traditionnels. Ainsi, sont mis en évidence 27 agents antibactériens non traditionnels (antigènes monoclonaux, bactériophages, thérapies soutenant la réponse immunitaire et affaiblissant l'effet des bactéries, etc.).
Le document invite également à tirer les leçons de la pandémie actuelle, qui a démontré une capacité à des progrès rapides quand il existe une volonté politique. « Les opportunités émergeant de la pandémie Covid-19 doivent être saisies pour mettre en avant les besoins d'investissements durables dans la R & D d'antibiotiques nouveaux et efficaces, estime le Dr Haileyesus Getahun, directeur de l’OMS pour la résistance aux antimicrobiens. Nous avons besoin d'un effort mondial soutenu, comprenant des mécanismes de financement commun et des investissements nouveaux et supplémentaires pour faire face à l'ampleur de la menace de la résistance aux antimicrobiens. »