Commission d'enquête de l'Assemblée nationale

Un « pilotage défaillant » de la crise du Covid

Publié le 08/12/2020
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« Sous-estimation du risque », « pilotage défaillant de la crise » : la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur la gestion de l'épidémie de Covid-19, pilotée par LR, n'a pas attendu la publication officielle de son rapport pour étriller le gouvernement.
La commission pointe un manque d’anticipation, une sous-estimation du risque et une baisse des stocks stratégiques

La commission pointe un manque d’anticipation, une sous-estimation du risque et une baisse des stocks stratégiques
Crédit photo : S. Toubon

À l'issue de six mois d'auditions, la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur la gestion de l'épidémie de Covid-19 a adopté mercredi dernier ce rapport, qui pointe une série de manquements des pouvoirs publics en amont de la crise sanitaire et pendant.

La France était « mal armée » face à la pandémie qui a éclaté en début d'année, affirme le chef de file des députés LR Damien Abad. La gestion de la crise a été « chaotique » et a révélé des « failles structurelles », a renchéri devant la presse Éric Ciotti, rapporteur LR de la commission d'enquête.

Tous les membres de la Commission se sont prononcés en faveur de ce rapport, à l'exception des députés LREM qui se sont abstenus. « Nous ne pouvions voter pour un rapport partial et partiel, et nous regrettons évidemment qu’il ne reflète absolument pas la qualité des auditions et des débats que nous avons menés », a expliqué le député LREM Julien Borowczyk, président de la commission, dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Des pays ont mieux fait face que d'autres »

Au total, la commission d'enquête a mené plus de 50 auditions, dont celle de l'ex-Premier ministre Édouard Philippe et de plusieurs ministres de la Santé successifs, durant quelque 130 heures au total. Un des moments forts avait été, en juin, celle du controversé Pr Didier Raoult, qui avait étrillé la gestion de la crise par les autorités et les conflits d'intérêts dans la recherche.

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, avait défendu son action devant les députés de la commission, affirmant avoir « agi et parlé avec responsabilité et transparence ». Mi-novembre, le Premier ministre avait lui aussi répondu aux parlementaires pendant plus de trois heures. Jean Castex avait alors récusé toute forme d'impréparation face à la deuxième vague.

Ce n'est pas l'avis d'Éric Ciotti, qui rappelle que la France est au « 4e rang des pays les plus touchés en Europe ». « Des pays ont mieux fait face que d'autres », martèle le rapporteur de la commission d'enquête, chiffres à l'appui : la moyenne dans l'Union européenne a été de 532 décès pour 1 million d'habitants, et la moyenne en France a atteint 727 décès.

« Nous constatons un manque d'anticipation et une sous-estimation du risque épidémique, une baisse des stocks stratégiques », avec des « problèmes de fournisseurs » pas assez diversifiés, a listé Damien Abad, pilonnant la politique française qui remonte jusqu'aux quinquennats précédents.

« Plus jamais ça ! »

Il a rappelé durant la crise le « manque d'interministériel, de déconcentration et de décentralisation », les « messages contradictoires sur les masques, des défaillances sur la politique des tests » et encore les « grands oubliés » qu'ont été les maisons de retraite et les malades hors Covid. Et de s'exclamer : « Plus jamais ça  ! »

Éric Ciotti prône notamment de « retrouver une forme de souveraineté sanitaire » et de créer un « ministère de l'Anticipation des crises ». Selon lui, la gestion même de la crise doit relever du ministère de l'Intérieur. Or « le ministère de la Santé l'a préemptée ».

La commission d'enquête va poursuivre ses travaux au format mission d'information, alors que la circulation du virus reste forte. De son côté, le Sénat à majorité de droite a aussi sa propre commission d'enquête sur la crise et doit examiner son rapport aujourd'hui même, mardi 8 décembre.

Avec l'AFP

S. L.

Source : Le Quotidien du Pharmacien