L’enfer est pavé de bonnes intentions, dit-on. Celles de Mixæl Laufer sont claires : « Tout ce qu’on veut, c’est que tout un chacun ait les moyens de gérer sa santé soi-même » explique ce hacker qui décline le principe du Do-It-Yourself ou DIY (faites-le vous-même) à la production de médicament ! Au sein d’un collectif anarchiste, l’activiste diffuse depuis plusieurs années des tutos pour aider le quidam à fabriquer lui-même ses traitements, raconte le site Usbek&Rica. Son fait d’armes fondateur ? En 2016, il diffuse une vidéo qui détaille la « recette » de l’EpiPencil, une version low-cost du stylo EpiPen dont la fabrication « maison » reviendrait à 30 euros seulement. À cette époque, aux États-Unis, le kit de secours coûte près de 600 dollars (un prix multiplié par 5 en 10 ans !). Le groupe qu’il a créé, les Four Thieves Vinegar Collective (Collectif des quatre voleurs de vinaigre) se fait alors rapidement rappeler à l’ordre par la FDA qui diffuse un avertissement contre la version DIY, rappelant à juste titre l’importance de garantir la qualité de ces médicaments de l’urgence. Mais Mixæl Laufer n'en a que faire. Il poursuit sa croisade pour l’accès aux soins. Il met même au point un réacteur de laboratoire pour particulier, baptisé Apothecary MicroLab, dont la première version permet de fabriquer de la pyriméthamine, un antiparasitaire notamment utilisé pour prévenir la pneumonie à Pneumocystis jiroveci chez les personnes atteintes du Sida et dont le prix aux États-Unis est passé de 13 $ en 2016 à 750 $ en 2019. Suivent les « recettes » du misoprostol (au blender !) et même, récemment du sofosbuvir (DCI du Solvadi). À propos du très onéreux traitement de l’hépatite C, Mixæl Laufer assure que la cure de 3 mois, qui coûte dans son pays 84 000 euros, peut être fabriquée dans sa cuisine pour quelque 70 euros.
Pour ce Robin des bois de la pharmacie, l’objectif d’un accès aux soins généralisé justifie pleinement la violation des droits de propriété intellectuelle. Par ailleurs, rappelle-t-il, « notre démarche n’a rien d’illégal puisque le collectif ne commercialise et ne fabrique rien ». Reste que si l’ambition est louable, la qualité et l’innocuité de ses traitements home made (faits maison) – et possiblement autoprescrits ! - interrogent autant qu’elles inquiètent…