- Il existe plusieurs catégories de vaccins. Les vaccins vivants, les vaccins inactivés. Les vaccins à ARNm font partie de cette deuxième catégorie, au même titre que les vaccins à ADN ou les vaccins contenant un fragment de l’agent infectieux, explique l’animateur de la formation en ligne sur la vaccination.
Christèle et Damien suivent cette formation ensemble. Assis l’un près de l’autre dans la salle commune de la pharmacie, ils regardent l’écran où défilent les slides commentées.
- Ça va être long !, souffle Damien.
- Restons optimistes. C’est toujours bon d’avoir des piqûres de rappel.
Les deux préparateurs éclatent de rire.
- On a bien coupé le micro au moins ?, s’inquiète Christèle.
- Oui, oui, c’est bon, répond son collègue tout en vérifiant sur l’ordinateur. On est là jusqu’à quelle heure au fait ?
- La formation dure 6 heures. Karine nous montrera demain comment faire le geste. Quand on y pense quand même…
- Quoi ?
- Non rien. Je me souviens quand les pharmaciens ont appris à vacciner, on leur a déroulé le tapis rouge. Et pour nous ? Du distanciel.
Damien la regarde et lui sourit :
- Bah, entre nous, tu ne sais pas faire une injection ?
- Pardon ?
- Tu ne le répètes pas, mais chaque année je vaccine mes grands-parents.
- Sans blague ?
- C'est vrai je te jure. J'ai bien regardé Julien et Juliette, pour voir comment ils faisaient. Et tu vas voir, c’est pas sorcier d’enfoncer une aiguille dans un muscle. Pas besoin d’être pharmacien.
- Christèle, Damien, vous avez un problème de micro ?, demande soudain le formateur en ligne.
Le préparateur ouvre le micro et répond, très sereinement :
- Désolé, il y avait du bruit dans la rue. On ne voulait pas que ça dérange les autres participants.
Se retenant de rire, Christèle reprend son crayon et se remet à prendre des notes.
Au rez-de-chaussée, le reste de l’équipe s’active pour servir les visiteurs. Jean-Paul, fidèle à sa réputation, renvoie balader, à juste titre d’ailleurs, Monsieur André qui se plaint de prendre trop de médicaments :
- Mon petit Monsieur, sans ça, lance le pharmacien en levant la boîte de bisoprolol, vous seriez certainement au cimetière. Alors votre discours sur les médicaments, on va le nuancer, d’accord ?
Au comptoir d’à côté, Karine accueille un couple de trentenaire. Elle ne les connaît pas.
- Bonjour, nous venons d’arriver dans la région, dit la femme d’un ton timide.
- Bienvenue. Vous venez d’où ?
- De Lorraine. On nous a conseillé de venir chez vous parce que je suis diabétique, et que j’ai un traitement un peu spécial. C’est le système Diabeloop, vous connaissez ?, poursuit l’homme.
- Effectivement. Vous êtes suivi à l’hôpital ?
- Oui, nous avons demandé le transfert du dossier médical. En fait, jusqu’à présent, je faisais appel à un prestataire. Le médecin nous a dit qu'on pouvait maintenant demander au pharmacien, et, comment dire…
- On vous a bien renseigné, répond Karine sans avouer au nouveau patient qu'il était le premier porteur de système en boucle semi-fermée pour gestion automatisée de la glycémie à être suivi par la Pharmacie du Marché. Je vous propose de commencer par les formalités administratives, en enregistrant votre adresse et votre complémentaire. Et puis, si vous avez un peu de temps, nous nous isolerons pour discuter plus tranquillement de la façon dont nous pouvons nous organiser.
Soulagés et mis en confiance par les mots de la pharmacienne, l’homme et son épouse tendent leur carte Vitale et leur carte de complémentaire.
(À suivre…)