« Le gain moyen pour ces patients en termes de survie est de l'ordre de 20 % avec un traitement par corticoïdes », indique au « Quotidien » le Pr Pierre-François Dequin, chef du service Médecine intensive - réanimation au CHRU de Tours et co-auteur de l'étude. Le critère principal de la méta-analyse était la mortalité toute cause à 28 jours.
Un bénéfice pour la dexaméthasone
Sept essais cliniques randomisés regroupant 1 703 patients admis en réanimation pour Covid-19 ont été inclus dans cette analyse, dont un grand nombre de patients provenant de l'essai Recovery. L'âge médian des patients était de 60 ans, et ces derniers étaient majoritairement masculins (71 %). Les essais ont été conduits entre le 9 juin et le 6 juillet dans 12 pays, dont la France.
Les protocoles des différentes études étaient similaires, à savoir une randomisation entre un groupe de patients recevant des corticoïdes (678 patients en tout) et un groupe bénéficiant des soins standards, avec ou sans placebo (1 025 patients). Les patients ont reçu de la dexaméthasone (trois essais), de l'hydrocortisone (trois essais) ou de la méthylprednisolone (un essai).
« La méta-analyse montre globalement un bénéfice pour les corticoïdes, le bénéfice étant prouvé pour la dexaméthasone et très vraisemblable pour l'hydrocortisone », résume le Pr Dequin.
Une tendance similaire avec l'hydrocortisone
Deux des essais inclus dans la méta-analyse portant sur l'hydrocortisone (CAPE COVID et REMAP-CAP COVID-19), publiés dans le même numéro du « JAMA », ont dû être interrompus avant la fin des inclusions : « La prépublication des résultats de Recovery en juin montrant un bénéfice des corticoïdes a fait qu'il était difficile sur le plan éthique de poursuivre un essai versus placebo ou soins usuels », explique le Pr Dequin. Néanmoins, si ces deux études manquent de puissance statistique, elles mettent en évidence une tendance à la baisse de la mortalité. « Dans l'essai CAPE COVID que j'ai conduit et qui a inclus 149 patients, la mortalité est de14 % dans le groupe hydrocortisone et de 27 % dans le bras placebo, soit un bénéfice de 46 % », poursuit le Pr Dequin.
En revanche, pour la méthylprednisone, aucune tendance n'a pu être mise en évidence du fait d'un trop faible nombre de patients inclus dans l'essai chinois Steroids-SARIa, seul essai évaluant ce corticoïde.
De nouvelles recommandations de l'OMS
Une autre étude incluse dans la méta-analyse a été publiée dans le même numéro du « Jama » : l'étude brésilienne CoDEX, montrant un bénéfice de la dexaméthasone en termes de réduction du nombre de jours sans ventilation mécanique.
En termes d'effets indésirables, aucune différence significative n'a été observée entre les corticoïdes et les soins usuels. « Le recours aux corticoïdes a suscité des inquiétudes du fait d'arguments en faveur d'une aggravation du pronostic dans la grippe liée à ces traitements, mais chez les patients Covid, en dehors des effets habituels liés aux corticoïdes, nous n'avons pas constaté de signal de sécurité particulier », rapporte le réanimateur.
Au vu de ces résultats et de ceux de l'essai Recovery, l'Organisation mondiale de la santé vient de publier des recommandations sur la place des corticoïdes dans la prise en charge de l'infection Covid-19. « Nous recommandons les corticostéroïdes systémiques pour le traitement des patients atteints de Covid-19 sévère. Nous suggérons de ne pas utiliser de corticostéroïdes dans le traitement des patients atteints de Covid-19 non sévère », est-il résumé dans un communiqué de l'organisation.