Les ascarides des animaux de compagnie
Les ascarides des animaux de compagnie, Toxocara canis et Toxocara cati (et dans une moindre mesure Toxascaris leonina) peuvent contaminer l’homme (zoonose). Leur cycle passe par 2 phases, une chez l’animal et l’autre dans l’environnement. Les animaux infestés (surtout les chiens) éliminent des œufs dans le milieu extérieur. Si les conditions sont optimales (température 15 à 30 °C, bonne humidité et bonne oxygénation du sol), ils deviennent infestants en 10-15 jours et peuvent le rester pendant 2 ans ! Les animaux se contaminent généralement en ingérant les œufs infestants présents dans le sol (mais aussi par prédation d’hôtes infectés). La contamination peut aussi se faire directement in utero (chiots) ou lors de l’allaitement (chiots, chatons). La femelle parasite est très prolifique, pouvant pondre entre 20 000 et 200 000 œufs par jour ! Chez l’animal adulte l’infestation est souvent asymptomatique, mais les chiots ou les chatons peuvent être plus sévèrement atteints (amaigrissement, abattement, diarrhée, vomissement, mauvaise croissance).
Qu’en est-il de la contamination humaine ?
L’homme peut aussi se contaminer lors de l’ingestion d’œufs infestants présents dans l’environnement. Il n’est pas rare que les chiens ou les chats fassent leur besoin dans le sable puis les enfouissent. S’il est normalement assez simple de récupérer les selles de son chien et d’empêcher celui-ci d’aller dans les bacs à sable publics (ils y sont normalement interdits !) les chats, qui sortent la nuit, sont moins faciles à gérer et considèrent cette « litière géante » comme tout à fait propice à leurs besoins ! Ainsi lorsque nous laissons nos jeunes enfants faire des pâtés de sable il n’est pas évident de les empêcher de porter leur main à la bouche… et le problème de l’hygiène se pose réellement (il en est de même sur les plages qui normalement sont interdites aux chiens comme aux chats…).
L’homme peut aussi se contaminer en faisant du jardinage ou en consommant des légumes crus. La consommation de certains hôtes paraténiques (dans la viande desquels la larve s’est enkystée, ne parvenant pas à se développer) est également un risque (lapin, poulet, porc, agneau, veau).
Quels sont les symptômes chez l’homme ?
L’homme n’étant pas un hôte définitif de ce parasite (l’ascaris spécifique de l’homme est Ascaris lombricoïdes), les larves se distribuent dans de nombreux tissus (yeux, poumons, muscles, système nerveux central) mais ne peuvent poursuivre leur évolution en adulte. La contamination humaine est loin d’être rare (selon le rapport de la HAS* de 2017 elle atteint en France 20 % de la population dans les zones semi-rurales, 35 à 40 % dans les zones rurales ; à la Réunion 93 % des enfants sont contaminés !) Chez l’adulte, en général, l’infection est asymptomatique, mais chez les enfants ou les personnes immunodéprimées le risque de développement d’une larva migrans (viscérale, oculaire, neurologique ou autre) est plus important. De ce fait la prévention de l’infestation parasitaire chez l’animal est primordiale. Attention les ascarides ne sont pas les seuls vers parasites des carnivores pouvant entraîner des larva migrans humaines, les Ankylostomes ou certains cestodes peuvent également en être responsables.
Quels conseils donner pour réduire les risques ?
Si l’officine dispense des produits vétérinaires, il semble essentiel de communiquer sur l’importance d’une vermifugation régulière des chiens et des chats. Beaucoup de vermifuges sont efficaces sur les ascarides (et les ankylostomes) et existent sous diverses formes galéniques. Le choix dépend de l’âge de l’animal, son mode de vie… le vétérinaire saura parfaitement trouver le produit adapté à chaque animal. Le respect du calendrier de vermifugation est très important surtout en présence d’enfants en bas âge (chez les chiots à l’âge de 2, 4, 6 et 8 semaines puis tous les mois jusqu’à 6 mois puis 4 fois par an chez l’adulte ; chez les chatons à l’âge de 3, 5, 7 et 9 semaines puis tous les mois jusqu’à 6 mois puis 4 fois par an). L’idéal est de traiter aussi les femelles gestantes avant la mise bas avec un produit larvicide et adulticide puis en même temps que leurs petits pendant la lactation.
Les autres mesures de prévention concernent le ramassage systématique des déjections des animaux déposées dans les bacs à sable ou le jardin ; la couverture des bacs à sable de jardin après chaque utilisation par l’enfant ; l’absence d’accès aux potagers pour les animaux (difficile pour les chats !) ou aux plages, bacs à sable, aire de jeux pour enfants. La viande consommée doit être suffisamment cuite et les légumes crus consciencieusement lavés. Enfin bien évidemment il faut se laver les mains (et celles des enfants !), après tout contact avec la terre, un animal ou après avoir joué dans un bac à sable (ou une plage).
*Sources : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2017-03/argumentai…