À la veille de l'élection présidentielle, le G5 Santé* publie son livre blanc 2017-2022. Selon ce cercle de réflexion, la lettre d'orientation du gouvernement envoyée au président du Comité économique des produits de santé (CEPS) cet été et la présentation récente du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2017, remettent en cause des dispositions de l'accord-cadre signé entre le LEEM, syndicat des industriels, et l'État, en janvier dernier. Or, alors que l'innovation reprend, leur environnement ne cesse de se dégrader en France. Preuve en est, explique Bertrand Parmentier, directeur général de Pierre Fabre, « la France, autrefois leader, a glissé à la quatrième position en Europe, derrière l'Italie, et se trouve menacée par le Royaume-Uni et l'Irlande » en termes de production pharmaceutique. De plus, elle fait face à une fiscalité « très lourde, de l'ordre de 1 milliard d'euros annuels » à laquelle s'ajoute la contribution demandée aux industries du médicament dans le prochain PLFSS, « de 1,7 milliard d'euros ».
Intitulé « Faire de la France un grand pays des industries de santé ; réformer, investir et innover au service des patients », le livre blanc énumère vingt propositions qui reposent sur un partenariat avec les pouvoirs publics et une garantie de dialogue sur du long terme. Ce qui amène le G5 Santé à appeler de ses vœux une alliance pour les cinq ans à venir.
Sauvés par l'international
La modernisation de l'accès au marché pour les produits de santé passe avant tout par la détermination de prix responsables. Le G5 Santé demande que le prix d'un médicament soit établi à la fois sur sa valeur thérapeutique et sur les économies potentielles qu'il peut générer dans toute la chaîne de soins. En outre, le cercle de réflexion réclame la prise en compte des investissements réalisés en France et dans l'Union européenne lors de la fixation et de la révision des prix. « Nous devons trouver des solutions pour récompenser les entreprises qui prennent des risques, tout en s'assurant que les patients ont accès aux innovations », souligne Marc de Garidel, président du G5 Santé et d'Ipsen.
« On nous demande parfois comment nous, industries de santé, sommes encore vivants. C'est grâce à l'investissement que nous avons fait il y a 15 ou 20 ans vers l'international, aujourd'hui ce sont nos ventes à l'international qui nous sauvent », affirme Olivier Laureau, président du groupe Servier. Problème : la médicoéconomie à la française a des conséquences à l'étranger. Lorsque le prix d'un produit baisse dans l'hexagone, nombre de pays font de même. Le G5 Santé demande à la France d'appliquer un prix facial pour les produits largement exportés, en échange de quoi les industriels verseront des remises produits spécifiques à l'export.
Enfin, le G5 Santé propose une réforme du CEPS qu'il aimerait voir devenir une délégation interministérielle rattachée au Premier ministre. Pour Marc de Garidel, « cela permettrait un meilleur équilibre dans les choix stratégiques en faveur du soutien aux innovations, du développement industriel, des exportations et de l'emploi, tout en laissant une place sur le marché aux innovations, produits matures, biosimilaires et génériques, indispensables pour une prise en charge efficiente des patients ».
* Le G5 Santé rassemble les principales industries de santé françaises : bioMérieux, Guerbet, Ipsen, LFB, Pierre Fabre, Sanofi, Servier, Théa.