Un livre blanc pour valoriser la VM

Plaidoyer pour la visite médicale

Publié le 19/12/2013
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L’Association pour la qualité de l’information médicale (AQIM) publie un livre blanc. Selon elle, le visiteur médical joue un rôle essentiel dans la santé publique en contribuant à la remontée d’informations sur les effets indésirables des médicaments promus et à la communication de documents de minimisation du risque.

« LE VISITEUR médical est un acteur de santé publique. » Selon Marie-Noëlle Nayel, présidente de l’AQIM, la question d’une éventuelle antinomie entre promotion et information objective sur le médicament ne se pose pas. « Le métier de visiteur médical est respectable et doit être respecté, puisqu’il obéit à des critères de qualité », explique cette ancienne visiteuse médicale reconvertie dans la formation. Une qualité dont elle a fait son cheval de bataille en créant l’AQIM, en 2000, « bien avant que les scandales sanitaires ne placent la qualité au cœur de la réflexion sur la promotion du médicament ». Les membres de l’association ont rédigé un guide de lecture, qui « a inspiré en 2004 à la fois la charte de la visite médicale et le référentiel de la Haute Autorité de santé (HAS) ».

Pourtant, dix ans plus tard, et après quelques scandales sanitaires, la question de la qualité de l’information médicale se pose toujours avec la même force. Comme si les notions de promotion et d’information objective demeuraient inconciliables… D’où l’idée de l’AQIM de remonter au créneau en éditant un livre blanc. « L’ouvrage, qui sera publié au début de l’année prochaine, s’inscrit dans la droite ligne de nos actions passées : valoriser le métier du délégué médical », explique Marie-Noëlle Nayel. Comment ? En faisant reconnaître son rôle d’acteur de santé publique pour son implication dans la remontée d’effets indésirables et autres effets secondaires des médicaments promus. Sans oublier la communication de documents de minimisation du risque lorsque celui-ci existe dans le plan de gestion de risques (PGR). « Sa mission dans la pharmacovigilance est indispensable, et j’ai la faiblesse de la croire primordiale, puisque les autorités de santé ont entendu notre message et que cette mission du délégué est aujourd’hui inscrite dans le code de la santé publique », précise la présidente de l’AQIM.

Étendre l’information à d’autres professions.

Dans cette perspective, l’AQIM formule onze propositions qui correspondent à trois axes de réflexion.

L’association propose ainsi d’atténuer le ciblage afin que « l’information actualisée sur le médicament soit diffusée auprès de tous les médecins quel que soit le média utilisé : mailing, plate-forme téléphonique, internet, rendez-vous face à face ». Elle souhaite également que la diffusion de l’information soit étendue « à l’ensemble des acteurs de la chaîne de soins à l’hôpital ».

Des orientations qui, dans l’esprit de Marie-Noëlle Nayel, devraient conduire à « l’élargissement naturel du champ d’action des visiteurs médicaux vers d’autres professionnels de santé et pourraient donc contribuer à créer des postes supplémentaires dans un secteur aujourd’hui sinistré ». Pas question pour autant de fusionner les métiers de visiteur médical et de délégué pharmaceutique, puisqu’ils n’ont pas la même finalité. « Il serait en revanche logique que les pharmaciens puissent bénéficier d’une information objective sur le médicament, puisqu’ils sont des acteurs de santé de premier recours », explique encore la présidente de l’AQIM.

Une évolution qui permettrait également de changer le mode de rémunération des visiteurs médicaux et de faire en sorte que la partie variable ne dépende plus des volumes, mais de la qualité. « Nous pourrions ainsi résoudre la problématique qui vient de la confusion existant entre promotion et information et, en leur confiant une action de santé publique, éviter toute suspicion sur la mission même de délégué médical. » Les critères de qualité à prendre en compte pourraient ainsi porter à la fois sur le respect de la déontologie de la concurrence, sur la remise de documents officiels ou encore sur la qualité des remontées d’informations sur les effets indésirables. D’où la nécessité de continuer à former les délégués avec une évaluation régulière des connaissances et, en particulier sur la pharmacovigilance.

STÉPHANE LE MASSON

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3056