LE PRÉSIDENT de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) affiche une certaine satisfaction à l’issue de ce 64e Congrès national. C’est « une nouvelle ère » qui commence, la profession est en passe de vivre un « moment historique avec des évolutions majeures rendues possibles grâce à la loi HPST ». Le dialogue avec le ministre de la Santé restera aussi dans les mémoires. « Xavier Bertrand a pris le temps d’échanger avec notre profession et j’ai la faiblesse de croire qu’il a entendu un certain nombre de nos problématiques, lance Philippe Gaertner. Il s’est engagé sur des pistes pour restructurer le réseau, avec la modification du quota de population pour l’ouverture d’une deuxième officine dans une commune, l’augmentation de la durée du gel des licences à 12 ans et la création d’une procédure de rachat de licence. » Trois avancées, aux yeux du président de la FSPF, qui « permettent de stabiliser les regroupements d’officine » et « font partie du plan qui va faire évoluer le réseau ».
Le passage à une rémunération mixte inscrite dans l’article 39 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2012 est un autre motif de contentement, d’autant qu’elle apparaît « comme la seule solution économique possible ». Dans l’esprit de la FSPF, l’honoraire occuperait 25 % de la nouvelle rémunération. « Nos études nous montrent qu’à 25 %, nous sommes capables d’accompagner les confrères sur trois à cinq ans. À 50 ou 75 %, la déstabilisation sera trop forte pour certains et nous ne pourrons les maintenir », explique Philippe Gaertner. Aux honoraires de dispensation, s’ajoute l’introduction de la notion de paiement à la performance, qui ouvre la voie à une prise en charge par l’assurance-maladie d’actions de prévention et de dépistage, mais aussi d’accompagnement de patients chroniques. « L’ensemble de ce plan donne une sécurisation des professionnels et de nos structures », affirme le président de la FSPF.
Tout cela semble de bon augure, mais c’est maintenant que l’officine a besoin d’une bouffée d’oxygène. C’est pourquoi la FSPF appelle le ministre « à profiter de la modification de la marge des grossistes-répartiteurs pour intégrer les changements concernant les conditionnements trimestriels, de manière à avoir une égalité de l’effort porté par l’ensemble de la chaîne ». L’enjeu ? La révision des modalités de calcul des marges des grands conditionnements représente « un des éléments de la bouffée d’oxygène », estime le président de la Fédération. Bonne nouvelle, Xavier Bertrand se dit prêt à le faire.
Autre satisfaction : la vente de médicaments sur Internet ne devrait pas être autorisée. C’est en tout cas le sentiment de Philippe Gaertner, qui assure ne pas « avoir entendu de doute dans les propos du ministre de la Santé ». « Il explique qu’il ne transigera pas sur ce qui peut remettre en cause la sécurité des patients », argumente-t-il. Or, « 50 % des produits vendus par correspondance sont falsifiés ».
En ce qui concerne la substitution générique, Philippe Gaertner incite les pharmaciens à se mobiliser pour atteindre le nouvel objectif de 5 points supplémentaires envisagé par le ministre. Il souhaite aussi passer un accord avec l’assurance-maladie et les médecins pour « ne plus voir se multiplier les mentions non substituable injustifiées ». Mais il aimerait aussi pouvoir obtenir de l’AFSSAPS* une meilleure garantie de la qualité des génériques, pour qu’il n’y ait plus de doute possible dans l’esprit du prescripteur, mais aussi dans ceux du patient et du pharmacien. « Je souhaite pouvoir être sûr que la substitution d’un médicament puisse se faire sans risque », explique-t-il. Car ce sont aussi ces doutes qui ont freiné le développement des génériques. Le président de la FSPF se montre, par ailleurs, hostile au projet d’appels d’offres pour l’achat de génériques par les pouvoirs publics, préconisé par les députés Jean-Pierre Door et Yves Bur.
En conclusion, un congrès où « tous les ingrédients étaient réunis pour faire de ce millésime un cru exceptionnel », estime le président de la FSPF.