« LA PROFESSION est à un tournant et il nous appartient de ne pas rater ce virage historique ! » En ouvrant le treizième congrès d’Optipharm, Michel Quatresous a clairement tracé la voie qu’il entend faire prendre aux membres du groupement. Après avoir rappelé que la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) avait permis aux pharmaciens d’être reconnus comme des professionnels de santé à part entière, il a insisté sur l’opportunité qu’offrait la convention pharmaceutique récemment signée entre les syndicats représentatifs et le président de l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (UNCAM), Frédéric van Roekeghem.
« Une convention innovante qui met en place de nouvelles donnes et annonce ce qui devrait être notre futur. » Une convention qui redonne un peu de baume au cœur, à une profession aujourd’hui inquiète. « Les données financières changent, avec l’obligation de contenir, voire de réduire les dépenses de santé ; le contexte sociologique change, avec notamment le vieillissement de la population, pour d’autres raisons aussi, les conditions économiques et législatives de notre métier sont bouleversées », a ainsi martelé Michel Quatressous.
La qualité au cœur de la stratégie.
Il appartient donc au pharmacien de se retrousser les manches et de relever le pari de la convention. « Le temps où nous pouvions simplement suivre le courant est révolu, il nous faut désormais nous prendre en mains et être acteurs dans notre activité », a également insisté Alain Grolaud, le directeur général d’Optipharm. Un rôle qui nécessite un investissement dans la substitution et dans les nouvelles missions. « Ces premières missions qui nous sont proposées sur les AVK et l’asthme serviront de tests pour la suite », a encore expliqué le directeur général précisant, au passage, que « la rémunération de demain est à construire ».
Toujours liée en majeure partie au métier de base du pharmacien, la délivrance de médicaments, cette rémunération sera, en effet, aussi générée par la capacité des pharmaciens à bien appréhender les nouvelles missions. Que celles-ci soient conventionnées et donc rémunérées par la CNAM ou qu’elles se situent hors convention, et alors nécessairement payées par les patients, ces missions d’accompagnement et de prévention marquent donc un changement fondamental.
D’où la nécessité de placer la qualité au cœur de la réflexion. « Au lieu d’être uniquement constituée par une marge dépendante du prix, notre rémunération va tenir compte de la qualité de notre travail, a ainsi expliqué Michel Quatresous. La démarche qualité s’avère la meilleure des préparations à ces actions que nous découvrons. » Et dans cette perspective, Optipharm entend former les équipes officinales « parce que le niveau moyen d’une entreprise est le niveau du plus faible élément de l’entreprise ».
Un cercle pour les jeunes pharmaciens.
Mais le bouillonnant président n’entend pas pour autant céder aux sirènes de l’argent facile. « Méfions-nous de ces enseignes qui vivent aux dépens des pharmaciens et non à leur service, méfions de ces laboratoires qui jouent la discorde et non des partenariats honnêtes, méfions-nous de ces conseillers qui ne voient l’avenir de la pharmacie qu’à travers une stratégie commerciale exacerbée », a-t-il ainsi martelé à l’occasion de son discours d’ouverture, rappelant au passage que « les valeurs que nous partageons reposent sur l’éthique et le respect humain ».
Des valeurs qui ont incité le groupement à créer le Cercle Optipharm des jeunes pharmaciens qui se veut « une source de réflexions sur la pharmacie, les pratiques officinales, l’évolution de notre profession, la relation avec les autres professionnels de santé comme avec les patients ». Sous le patronage d’un titulaire membre du bureau, ce groupe réunira de jeunes adjoints volontaires soucieux de réfléchir à leur futur exercice professionnel et pourra aussi apporter des propositions concrètes visant la meilleure intégration possible des futurs titulaires. « Nous y associerons aussi les étudiants de sixième année désireux de bien préparer leur insertion dans la profession », a précisé Michel Quatresous.
Une démarche obligatoire pour les dirigeants d’Optipharm qui entendent ainsi œuvrer pour la pérennité de leurs officines et garantir l’emploi de leurs collaborateurs. « Nous devons penser à l’avenir et nous investir au bénéfice de nos futurs confrères afin de leur permettre d’exercer un métier honorable et responsable et de leur ouvrir de réelles perspectives », a ainsi conclu Michel Quatresous. Reste à savoir si de nouvelles solutions, telle que l’ouverture progressive du capital ou l’organisation de holding, émergeront de ce cercle de réflexion.