« Nos secteurs économiques sont transformés par le changement des usages amenés par le digital, rappelle Lionel Reichardt, expert en e-santé. Et ces changements dans le domaine de la santé sont centrés sur le patient. Il est convaincu, parfois à juste titre, d’avoir plus d’informations que le professionnel de santé, ce qui peut influencer les consultations, les diagnostics et le choix des traitements. Cela change beaucoup la relation patient-professionnel de santé », estime-t-il.
Mais dans le domaine des objets de santé connectés, tout reste encore à construire. « Les objets connectés, c’est un écosystème complet : il y a le capteur, mais aussi les réseaux de télécommunication, et la partie la plus importante c’est la plateforme de service que l’on va mettre autour de l’objet. »
Les usages peuvent être divers : prévention, recherche, diagnostic, accompagnement, amélioration de la relation patients-professionnels de santé. « Des questions se poseront sur les responsabilités du médecin ou du pharmacien par rapport à la gestion des données de santé, mais aussi par rapport à la rémunération », prévient Lionel Reichardt. Il remarque que « la frontière est ténue entre bien-être et santé, entre gadget et dispositif médical : si un traqueur est destiné à un patient diabétique, avec un coaching et un programme adapté, il devient un objet de santé, même s’il n’en était pas un a priori ».
Suivi personnalisé
Parmi les objets en cours de validation européenne, il cite un capteur destiné aux patients asthmatiques, qui mesure l’observance au traitement mais qui est aussi géolocalisé. « On peut ainsi réaliser une cartographie des lieux et des moments où les personnes utilisent leur inhalateur et les prévenir d’éviter certains lieux pollués ou avec des pollens. »
Ce dispositif a d’ores et déjà été validé par la Food and Drug administration (FDA) américaine. « Les appareils connectés peuvent aussi donner la tension, la température, le rythme cardiaque, avec des indicateurs pour dire si le patient est plutôt dans le vert ou dans le rouge. » Parmi les objets qui se développent, un patch associé à une montre et à un smartphone permettra de suivre à la fois le rythme cardiaque du porteur mais aussi sa sudation, pour prévenir les crises d’épilepsie. « Grâce à son lien avec le portable, ce dispositif peut aussi prévenir les secours et les proches de la personne si elle fait une crise d’épilepsie. »
Il estime qu’il y aura entre 80 et 200 milliards d’objets connectés d’ici à 2020. « Actuellement, les ventes de ces objets se font sur Internet. Mais le pharmacien est légitime pour vendre des solutions de santé, conseiller le patient pour prendre en charge son diabète par exemple, et lui donner des recommandations hygiéno-diététiques. Ne vendez pas du plastique ! conseille-t-il. Le patient viendra en pharmacie pour bénéficier d’un suivi personnalisé avec son objet connecté. »
Il faudra lui proposer des appareils simples, faciles à connecter et à mettre à jour. « Le rôle du pharmacien ne sera pas de gérer les problématiques de service après-vente, mais il devra lui-même savoir utiliser l’objet pour être suffisamment à l’aise et bien guider son patient. » Un défi que le groupe PHR semble bien décidé à relever !