MARISOL TOURAINE bouderait-elle les officinaux ? La ministre de la Santé, en effet, n’était pas ce week-end à Lille pour participer au Congrès national des pharmaciens. Mais elle n’était toutefois pas totalement absente de l’événement. La ministre avait en effet chargé le directeur de la Sécurité sociale, Thomas Fatome, d’adresser un message aux pharmaciens en son nom. Et le message est clair : le gouvernement est prêt à accompagner l’évolution de la rémunération des pharmaciens prévue par la convention pharmaceutique. « Il n’est plus envisageable aujourd’hui que les pharmaciens continuent d’être rémunérés en fonction de la seule marge réalisée sur la vente des boîtes de médicaments, affirme Marisol Touraine. Ce dispositif doit donc évoluer vers la mise en œuvre d’un honoraire de dispensation. » La ministre de la Santé soutient donc pleinement cette démarche et indique même l’avoir écrit au directeur général de l’UNCAM*, Frédéric van Roekeghem. Les négociations vont pouvoir commencer rapidement. Elles pourraient même démarrer dès la semaine prochaine dans le cadre de la commission paritaire nationale avec l’assurance-maladie, fixée le 23 octobre. Une chose est sûre, le temps presse, l’introduction d’une part d’honoraires étant prévue pour 2013.
Valoriser le métier.
En attendant, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Gaertner, se félicite du message de Marisol Touraine qui, selon lui, « confirme la volonté de la ministre d’accompagner et de soutenir les orientations portées par la convention », notamment sur le volet rémunération. Pour la ministre de la Santé, il s’agit de valoriser le métier de pharmacien. « Votre rôle dans la qualité des soins de proximité est majeur et mérite d’être réaffirmé, explique-t-elle. C’est un engagement fort qui présidera à ces négociations dont j’assurerais un suivi attentif. Cela veut dire en effet valoriser la contribution des pharmaciens à la santé des Français. »
Au-delà de l’évolution de la rémunération, la ministre soutient également les missions d’accompagnement des patients prévues par la nouvelle convention. Elle souhaite que les négociations qui vont s’ouvrir avec l’assurance-maladie permettent de les reconnaître à part entière. « Trop de patients sous anticoagulants ne bénéficient pas aujourd’hui d’un suivi qui leur serait nécessaire, déplore-t-elle. Trop de patients souffrent d’un asthme mal contrôlé et manquent encore d’une information de qualité sur la bonne utilisation de leurs médicaments. » Pour Marisol Touraine, l’objectif est clair, il s’agit aussi de renforcer l’attractivité du métier de pharmacien d’officine.
Préserver le maillage.
La ministre semble également être attentive à l’évolution du maillage officinal. « Chacun sait combien les Français sont attachés à la proximité de la pharmacie, au plus près de chez eux », souligne-t-elle. Consciente que le départ des prescripteurs dans certains territoires fait peser un risque important sur les pharmacies rurales, Marisol Touraine rappelle que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2013 prévoit de nouvelles mesures pour, notamment, inciter les jeunes médecins à s’installer dans les zones sous-médicalisées. Elle se déclare aussi favorable à « la définition d’objectifs partagés d’évolution du réseau officinal, qui devra faire l’objet d’une négociation avec l’assurance-maladie ».
Enfin, la ministre souligne la capacité des officinaux à se mobiliser pour renforcer l’efficience du système de santé et salue leur rôle moteur dans le développement du médicament générique. « La profession a ainsi montré qu’elle sait s’engager et qu’elle tient ses engagements », affirme Marisol Touraine.
Des déclarations de bon augure, alors même que les négociations sur la rémunération et les missions s’engagent avec l’assurance-maladie. Dans ce contexte, le thème central du 65e Congrès national des pharmaciens**, « Un nouvel exercice pour un métier d’avenir », semblait particulièrement bien choisi.
**Le congrès national des pharmaciens est organisé par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), l’Association de pharmacie rurale (APR) et l’UTIP formation pharmaceutique continue.