Le VIH est bien loin de reculer sur le continent européen, selon une étude de l‘Organisation mondiale de la santé (OMS) publiée à l’occasion de la journée mondiale du sida. En effet, sur les 53 pays européens retenus par l’OMS, on recense 153 407 contaminations en 2015, contre 142 000 l’année précédente. La Russie, où le sida reste un sujet largement tabou, concentre à elle seule près des deux tiers des cas (64 %). La particularité en Russie est que les relations hétérosexuelles sont le premier mode de contamination. L'OMS s'alarme aussi de taux de contamination élevés dans d'autres anciennes républiques soviétiques : Ukraine, Belarus, Estonie, Moldavie, Lettonie et Géorgie. Ainsi, près de 80 % des cas se sont déclarés en Europe de l'Est, contre 2 % en Europe centrale et 18 % en Europe de l'Ouest.
Un porteur du VIH sur 7 ignore son état
Par ailleurs, l’OMS souligne que le VIH reste aussi un problème grave dans la zone limitée à l’Union européenne, où un porteur du VIH sur sept ignorerait son état. Dans les pays de l’UE (en ajoutant l’Islande, le Liechtenstein et la Norvège), 47 % des cas sont diagnostiqués à un stade tardif de la contamination : en moyenne, le virus est détecté environ 4 ans après la contamination. Les rapports sexuels entre hommes sont le premier mode de transmission (42 % des diagnostics), et le seul qui progresse encore régulièrement. Les relations hétérosexuelles concernent 32 % des diagnostics et la toxicomanie 4 %.
En France, le nombre d’infections par le VIH est également préoccupant chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) : « dans cette population, le nombre de découvertes de séropositivité ne diminue pas, contrairement à ce que l’on observe chez les hétérosexuels, hommes ou femmes », relève le « Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire » publié le 29 novembre. En 2015, sur les quelque 6 000 découvertes de séropositivité, 2 600 concernaient les HSH – soit 43 % de l'ensemble des nouveaux cas contre 54 % chez les hétérosexuels — principalement nés en Afrique subsaharienne et dont bon nombre ont été infectés en France.
Par ailleurs, on note également chez les HSH une explosion des infections sexuellement transmissibles (IST) : hausse de 100 % des infections par le gonocoque, de 56 % des syphilis précoces et de 47 % des infections bactériennes rectales (dues à une Chlamydia) entre 2013 et 2015. Selon les chercheurs, cette explosion des IST chez les HSH est liée à une augmentation des comportements sexuels à risque et à la perte de vitesse du préservatif. On observe également une utilisation insuffisante du préservatif chez les HSH séropositifs depuis plusieurs années. L’agence Santé publique France préconise de mobiliser l'ensemble des outils de prévention, à savoir : le préservatif, le dépistage régulier du VIH, des IST de l'hépatite C, ainsi que la prophylaxie pré-exposition (PrEP). L'agence sanitaire déplore l'hésitation des médecins à prescrire des tests de dépistage du VIH en population générale, mais reconnaît des progrès en matière de précocité des diagnostics (39 % de tous les cas de séropositivité sont désormais détectés à un stade précoce, chiffre qui atteint 49 % chez les HSH).
France : 5 millions de dépistages en 2015
Enfin, en 2015, on note une légère augmentation de l'activité de dépistage en France (5 millions, en progression de 3 % par rapport à 2013), mais le nombre de sérologies confirmées positives s'est stabilisé (1,9 pour 1000 parmi les sérologies non anonymes et 3,3 parmi les sérologies anonymes). Les trois quarts de ces sérologies ont été effectuées par des laboratoires de ville. Les tests rapides (ou TROD) proposés par les associations sont réalisés en quantité bien moindre (environ 62 000 tests). Mais même s'ils ne représentent qu'une minorité, les TROD ont l'intérêt de toucher des populations particulièrement exposées ou qui ne recourent pas au dépistage classique. Quelque 90 000 autotests de dépistage ont par ailleurs été vendus entre septembre 2015 - date de leur lancement en pharmacie - et septembre 2016.