LA LUTTE contre les cancers s’inscrit dans une dynamique nationale et les enjeux de la cancérologie restent nombreux. « La 7e édition des RCFr, qui se tiendra à Paris du 2 au 4 décembre 2014, inaugure le seul congrès français portant à la fois sur la recherche, la thérapeutique, l’organisation, l’économie de la cancérologie et les aspects sociétaux portés par les patients et leurs représentants », annonce le Pr Véronique Trillet-Lenoir, présidente des RCFr 2014. La journée inaugurale « Regards croisés cancers- maladies chroniques » permettra aux cancérologues d’échanger sur les aspects modélisants du cancer, de partager leurs expériences et leurs difficultés sur des aspects de pratique quotidienne avec des spécialistes d’autres disciplines, et d’envisager des passerelles et des parcours communs. « C’est la première fois qu’une telle démarche est entreprise pour élargir le champ de vision de la cancérologie, se félicite la présidente ; elle a pour but d’évoquer les dispositifs ou modèles de prise en charge ayant prouvé leur intérêt dans différentes pathologies chroniques graves (cardiovasculaires, neurovasculaires). La discussion portera sur la transposabilité de ces outils au domaine du cancer. »
Ces outils, mis en place par la HAS, concernent notamment les grilles d’orientation en cas de maladie coronaire stable ou les indicateurs dans l’AVC pour optimiser le délai de prise en charge. Une autre question portera sur l’articulation du Plan cancer avec les expérimentations PAERPA (personnes âgées en risque de perte d’autonomie). Depuis dix ans, les Plans cancer ont modélisé la cancérologie et ont profondément modifié les modalités de prise en charge et les organisations de systèmes de soins. Dans ce contexte, les 7e RCFr aborderont des thématiques comme l’impact des différentes mesures phares (dispositif d’annonce, coordination hôpital-ville), la réorganisation de structures de soins, l’intégration plus forte des professionnels de santé de ville, l’organisation de la cancérologie au sein d’établissements de différents modes d’exercice (public, privé…), la qualité des RCP (réunions de concertations pluridisciplinaires), la place devenue incontournable de la démocratie sanitaire.
Le regard permanent du patient.
Cette année, pour la première fois, chaque patient représentatif d’une association participe au comité d’organisation. Son regard à la fois critique et challenger sur les différentes sessions sera renforcé. « Les patients ne sont plus des destinataires passifs qui reçoivent les décisions du corps médical, ils interviennent dans la stratégie et la recherche des soins pendant tout le voyage de la maladie. On assiste à un changement culturel entre patients et professionnels de santé, et à une démarche pédagogique nouvelle. On passe des modèles paternaliste, informatif, collectiviste, à celui de la décision partagée », constate avec fierté le Pr Trillet-Lenoir. Ces Rencontres se démarquent d’un congrès formel, elles vont au-delà de la cancérologie en proposant un forum d’échanges et de débats. Elles souhaitent aussi fédérer et mettre en ordre de marche des acteurs de santé non-cancérologues et faire émerger de nouveaux métiers.
Les pharmaciens, déjà très impliqués dans le parcours de soin du patient cancéreux en ville, seront représentés par les sociétés françaises de pharmacie clinique et de pharmacie oncologique, confirme Muriel Dahan, pharmacienne, membre de la commission médico-pharmaceutique du Conseil national de cancérologie. « Les enjeux et la place du pharmacien au sein de l’ensemble des équipes de soins seront précisés dans le cadre de l’évolution de la prise en charge du patient cancéreux. L’amélioration des chimiothérapies orales en matière de suivi, d’observance, de coût en période de restriction économique, de sécurisation pharmaceutique et thérapeutique du parcours ambulatoire, sera débattue lors d’une session plénière avec la HAS et l’ANSM. » Par ailleurs, un atelier sera consacré aux nouveaux outils interdisciplinaires (consultation pharmaceutique, conciliation, éducation thérapeutique) et aux promesses de la modélisation mathématique pour mieux prédire et optimiser l’impact du traitement sur le patient.