ON A BEAU être rassuré par les 4 millions de signatures de la pétition « Je veux que les médicaments restent en pharmacie », preuve de l’attachement des patients au circuit officinal, il ne faudrait pas pour autant se reposer sur ses lauriers. Le cinquième baromètre réalisé par l’IFOP* pour le compte du groupe PHR : « les Français et le système de santé », qui doit être présenté durant son congrès, résonne à cet égard comme une alerte. Certes les Français aiment leur pharmacien, mais l’image globale de la profession sort écornée de ce sondage. Sans doute en partie par manque d’information sur les services que peut proposer le pharmacien.
C’est en tout cas un tel déficit de connaissance que l’on retrouve dans le fait que les citoyens ne semblent, par exemple, toujours pas connaître le coût de leur santé. L’enquête annuelle IFOP/PHR montre en effet que, dans leur grande majorité (81 %), les personnes interrogées ignorent le budget annuel qu’ils consacrent à leur santé.
Il ressort également de ce sondage que les dépenses de santé seraient presque systématiquement (97 %) liées à une consultation médicale. Rien d’étonnant dès lors à ce qu’elles soient attachées essentiellement (86 %) à une ordonnance. Un peu plus de la moitié (55 %) des personnes interrogées reconnaissent pourtant acheter souvent ou de temps en temps des médicaments sans avoir consulté un professionnel de santé. Une habitude toutefois liée au sexe, puisque 60 % des femmes affirment ne pas hésiter, alors que seulement 48 % des hommes déclarent franchir le pas.
Cette différenciation hommes/femmes se retrouve lorsqu’il s’agit d’apprécier l’influence du pharmacien lors de l’achat de médicaments, puisqu’elles sont 57 % et qu’ils ne sont que 48 % à admettre avoir acheté des médicaments après avoir demandé conseil à un pharmacien. Conséquence : le poids du conseil officinal demeure faible, puisque seulement 52 % des clients déclarent en tenir compte souvent ou de temps en temps et 48 % admettent n’y avoir jamais ou rarement recours.
Des données inquiétantes.
Cette tendance est confirmée par le fait que seulement 46 % des personnes interrogées consultent leur pharmacien pour s’informer sur des questions de santé. Les officinaux pèsent à cet égard pratiquement deux fois moins que les médecins : 81 % des Français y recourent pour s’informer. Plus inquiétant, les sites Internet d’information sont également préférés aux pharmaciens, puisqu’un Français sur deux les utilise comme source d’information.
Les pharmaciens sont en revanche bien identifiés par les internautes comme « spécialistes du médicament », dans la mesure où un peu plus des trois quarts (77 %) des personnes interrogées déclarent savoir que la vente en ligne de médicaments par des sites Internet adossés ou associés à une pharmacie physique est autorisée depuis le 1er janvier 2013. Mais la connaissance de cette obligation légale ne suffit pas à convaincre les Français d’acheter des médicaments sur Internet, puisqu’ils sont encore plus des deux tiers (68 %) à s’y refuser alors que 32 % reconnaissent l’avoir fait ou être prêt à le faire. D’ailleurs 54 % déclarent ne pas avoir confiance dans les médicaments vendus sur Internet. Et 41 % des personnes ayant indiqué ne pas vouloir acheter sur Internet affirment préférer bénéficier des conseils d’un pharmacien. La faible attractivité d’Internet semble plutôt liée au fait que les personnes interrogées ne sont que 46 % à trouver la Toile moins chère et 36 % à la considérer plus pratique.
Des inconvénients dont ne semble pas pâtir la grande distribution, puisque 60 % des personnes interrogées se déclarent prêtes à acheter des médicaments en grande surface. Une tendance qu’il convient sans doute de mettre en regard avec la faiblesse des services proposés au sein de l’officine, puisque 77 % des personnes interrogées indiquent ne pas trouver de service spécifique dans la pharmacie qu’ils fréquentent le plus souvent. Des données que Lucien Benattan, président de PHR, ne manquera pas de commenter à l’occasion du congrès du groupement qui se tient à partir de samedi à Bordeaux.
de la population française.