Grand pourfendeur médiatique d’une industrie pharmaceutique « hors de tout contrôle », Philippe Even n’en est pas à son coup d’essai. S’il a écrit seul ce dernier ouvrage, c’est avec son compère Bernard Debré qu’il a écrit les précédents : « Le Guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux », un véritable best-seller, et « La vérité sur le cholestérol ».
Dans la première partie de son dernier opus, il dénonce à nouveau la face cachée de l’industrie, comme « les maladies qui n’en sont pas et dont elle fait d’immenses marchés ». Un deuxième chapitre est consacré au cholestérol, son autre grand dada. « Le marché des statines est entièrement fabriqué », répète Philippe Even, «il concerne des millions de personnes en France. Je ne vois pas en quoi ça peut servir de réduire le cholestérol ».
Le troisième chapitre est consacré aux conflits d’intérêt. Dans le viseur du Pr Even cette fois, quelques dizaines de médecins universitaires, consultants, qui concentrent chacun « trente, quarante, voire cinquante contrats simultanés avec des laboratoires ». Il accuse ces praticiens de recevoir de l’industrie des sommes largement supérieures à leur salaire. « Dès lors, s’interroge-t-il, de qui sont-ils réellement les employés ? »
Unités de recherche
Ce pamphlet est publié au moment où naît une polémique au sujet de liens d’intérêt que Philippe Even aurait négligé de déclarer à la tête de l’Institut Necker. Selon une enquête de l’APM, cet institut collecte de l’argent auprès des laboratoires pour financer des projets de recherche, des salaires de jeunes chercheurs, ou des équipements. L’institut prélève 6 % des sommes collectées pour son fonctionnement, et Philippe Even en est lui-même salarié pour la somme de 880 euros par mois, confirme l’intéressé. Il n’a jamais fait état de ces liens dans ses déclarations.Interrogé par « le Quotidien » sur ces révélations, Philippe Even soutient mordicus n’avoir « aucun conflit d’intérêt ». «Des unités de recherche me demandent de gérer pour elles l’argent qu’elles reçoivent », continue-t-il, «à aucun moment il n’y a le quart du début du commencement d’un contact entre l’institut Necker et les firmes ». Il va plus loin, assurant que si ces contrats entre l’industrie et les unités de recherche n’existaient pas, ces dernières « mettraient la clé sous la porte ».