La Journée mondiale de l’énurésie se tiendra le 29 mai 2018. À cette occasion, quel est le rôle du pharmacien dans la prise en charge ? Dans quelle mesure peut-il accompagner les parents et l’enfant ?
Rappelons que l’énurésie se manifeste par une miction involontaire totale qui survient pendant le sommeil et qui intervient après l’âge de l’acquisition de la propreté, en général après 5 ans. Il ne s’agit pas d’une maladie, mais d’un symptôme assez fréquent puisqu’il touche près de 6 % des enfants de 6 à 10 ans, et qui évolue souvent favorablement avec le temps. Dans 60 % des cas, l’énurésie est primaire isolée, c'est-à-dire que l'enfant n'a jamais été propre la nuit, sans pathologie sous jacente. Dans 40 % des cas, il s’agit d’une énurésie secondaire : les mictions nocturnes surviennent chez un enfant qui a été propre durant au moins 6 mois, notamment après un choc psychologique.
Dédramatiser
En tant que professionnel de santé, le pharmacien peut être interpellé par les parents sur la question de l’énurésie. La première chose à faire sera donc d’informer les parents et l’enfant, et surtout de dédramatiser la situation, sachant que le retentissement psychologique est parfois important chez l'enfant. Déjà, on rappellera que l’énurésie n’est pas une maladie, mais un symptôme dont on peut se débarrasser. Parfois une prédisposition familiale existe : dans 30 à 60 % des cas, un des deux parents a eu des antécédents d’énurésie.
Boire plus, plus tôt
Ensuite, l’officinal peut conseiller certaines mesures hygiéno-diététiques qui permettront de mieux contrôler une énurésie. Notamment, en recommandant de mieux répartir les apports hydriques au cours de la journée. Par exemple, l’enfant boira le matin 1 bol de lait et 1 grand verre de jus d’orange, puis 3 verres d’eau le midi, puis 2 verres d’eau au goûter (en évitant les boissons sucrées). En revanche, après 18 heures, l’enfant devra boire le moins possible. En respectant une bonne répartition des apports hydriques au cours de la journée, la soif sera moins importante le soir.
Par ailleurs, le pharmacien pourra conseiller aux parents de surveiller le transit de leur enfant : un transit régulier permet de laisser la place à la vessie de devenir plus grosse. On conseillera également à l’enfant de bien prendre son temps lorsqu’il va faire pipi, pour bien vider sa vessie. On peut proposer la tenue d’un calendrier mictionnel : chaque nuit sans incident sera reportée sur ce calendrier qui sera tenu par l’enfant lui-même.
Enfin, le pharmacien peut suggérer une consultation médicale. Par exemple, en demandant directement à l’enfant, qui est au cœur de la situation, s’il veut parler de son problème avec un médecin : lui dire ce qui le gêne le plus - mouiller ses draps, se faire gronder, ne pas pouvoir aller dormir chez ses copains, etc.- et de voir quels moyens peuvent être mis en œuvre pour régler la situation.
Et les médicaments ?
En premier lieu, la prise en charge consiste donc en la mise en place de règles hygiéno-diététiques. En cas d’absence de résultats, et à partir de 6 ans, des traitements médicamenteux peuvent être proposés, dont la desmopressine ou, en dernière intention, les antidépresseurs tricycliques. Parmi les méthodes non médicamenteuses, il existe des systèmes d'alarme sonore (pipi-stop) qui sonne dès la première goutte détectée, et qui permettent à l'enfant de prendre conscience et de maîtriser ses mictions nocturnes.