Dispensation protocolisée, vaccination, téléconsultation… Face à toutes ces nouvelles missions, le pharmacien oscille souvent entre enthousiasme et interrogation. Organisée par Mylan, la journée consacrée aux 20 ans de la substitution générique a été l'occasion, pour l'ensemble des officinaux présents, d'évoquer, sans langue de bois, leurs attentes, leurs espoirs, mais aussi leurs craintes, face aux nouveaux objectifs qui leur seront bientôt fixés.
Réunis en ateliers, les officinaux ont notamment voulu insister sur un point : « Le pharmacien ne peut pas tout faire. » Impossible d'être expert sur toutes les pathologies, comme le rappelle Marc Berthelot, officinal dans les Hauts-de-Seine. « Il faut se spécialiser », affirme-t-il ; dans son secteur, il a monté un groupe de travail avec des médecins pour mieux accompagner les patients sur la micronutrition. Répartir les compétences entre officinaux et diriger un patient venu pour une demande précise vers un confrère plus compétent que soi, une idée belle sur le papier mais « inconcevable à l'heure actuelle » pour Jules David Kahapip, à la tête d'une pharmacie de Pontaut-Combault, en Seine-et-Marne. « Si deux officinaux font partie d'une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), ils seront amenés à bien travailler ensemble, mais ce n'est possible pour deux pharmaciens en concurrence dans une même ville », observe celui qui a déjà commencé à participer à des réunions locales et devrait bientôt faire partie d'une CPTS.
« Une division va s'opérer entre les pharmaciens »
Comme nombre de leurs confrères, Marc Bethelot et Jules David Kahapip sont conscients qu'une « division va s'opérer » entre ceux qui voudront « se consacrer aux nouvelles missions » et ceux qui « feront le choix du commerce ». « Le cœur du métier gagnera », estime Marc Berthelot qui, comme son homologue de Seine-et-Marne, s'avoue tout de même inquiet pour l'avenir des officines qui ne réalisent pas un chiffre d'affaires très important : « S'investir sur de nouvelles missions est impossible si la pharmacie ne fait pas une taille suffisante ou s’il n’y a pas assez de personnel formé. Sachant qu'il est difficile de recruter, il faudrait au moins nous délester de certaines missions basiques. » Chronophages, certains dispositifs récemment mis en place suscitent un brin de frustration chez ces deux pharmaciens franciliens. « Quelle profession accepterait d'être payée un an après ? », s'insurge Marc Berthelot en évoquant les bilans partagés de médication et les nombreuses difficultés rencontrées par les pharmaciens pour être rémunérés sur ce service. « Il faut s'approprier ces nouveaux rôles même si, financièrement, cela ne nous rapporte pas beaucoup pour l'instant », juge de son côté Jules David Kahapip, déjà prêt pour la vaccination et qui s'apprête à participer à une campagne de dépistage du diabète.
Comme l'a souligné Luc Besançon, fondateur-directeur de l'entreprise de conseil Pharmacy and consulting, lors d'une présentation en préambule de ces ateliers : « l'innovation est dans les gênes du pharmacien ». Découvreur de la margarine, du Coca-Cola ou encore de la morphine, c'est désormais son propre métier que le pharmacien va certainement devoir réinventer.
D'après des ateliers Mylan à l'occasion des 20 ans de la substitution.