LES SYNDROMES myélodysplasiques sont des maladies rares de la moelle osseuse de très mauvais pronostic. Leur incidence annuelle est de 4 à 5 pour 100 0000 personnes.
Ces syndromes se caractérisent par une production insuffisante des cellules sanguines sur les plans quantitatif et qualitatif. Cette production insuffisante s’accompagne le plus fréquemment d’anémie. Par ailleurs, le défaut de production peut aussi concerner les globules blancs et/ou les plaquettes. Enfin, les patients souffrant de syndromes myélodysplasiques peuvent aussi évoluer vers une leucémie aiguë myéloblastique, ce qui survient globalement chez un tiers des patients. L’espérance de vie des patients ayant un syndrome myélodysplasique est donc très réduite, notamment chez les malades dont le risque est « intermédiaire élevé » et « élevé ». Leur survie médiane varie de 4,5 mois à 1 an.
Ces populations ne disposaient d’aucun traitement spécifique avant l’arrivée de l’azacitidine. Le seul traitement connu consistait en une allogreffe de moelle osseuse, un traitement d’une lourdeur extrême qu’il n’est pas possible de proposer à des patients de plus de 65 ans, alors que la moyenne d’âge au moment du diagnostic du syndrome myélodysplasique est de 70 ans.
L’azacitidine est une molécule dont le mode d’action antinéoplasique s’exerce notamment par l’inhibition de la méthylation de l’ADN. Elle agit en déméthylant les promoteurs des gènes suppresseurs de tumeur, restaurant ainsi leurs fonctions normales de régulation et de différenciation cellulaire qui joue un rôle clef dans l’inhibition de la croissance tumorale.
Survie globale à deux ans : 50,8 vs 26,2 %.
L’étude AZA-001, étude cardinale du dossier d’AMM, aura permis d’apporter la preuve du bénéfice de l’azacitidine*. Le critère principal de l’essai était la durée médiane de survie des patients. Cette durée a été statistiquement supérieure dans le groupe traité par l’azacitidine, par comparaison avec le groupe assigné au traitement conventionnel. Le gain a été de 9,4 mois avec un risque relatif de 0,58. Cette augmentation significative de la survie médiane a été retrouvée dans tous les sous-groupes des différentes pathologies inclus. À deux ans, le taux de survie globale a été de 50,8 % dans le groupe azacitidine contre 26,2 % dans le groupe assigné au traitement conventionnel.
L’analyse des critères secondaires d’efficacité, le risque de transformation en leucémie aiguë myéloblastique ou la mortalité, si le décès survenait en premier, ont également mis en évidence le bénéfice du traitement par l’azacitidine. Ainsi, le délai médian avant décès ou transformation en leucémie a été de 13 mois dans le groupe azacitidine, contre 7,6 mois pour le groupe témoin, la différence étant statistiquement significative.
Enfin, une amélioration des conditions de survie des patients a été constatée. Elle a été matérialisée par la réduction des besoins transfusionnels. Ainsi, 45,4 % des patients traités par azacitidine n’ont plus eu besoin de transfusion pendant le temps de l’étude, contre 11,4 % dans le groupe témoin. C’est cette étude qui a permis l’obtention de l’AMM en Europe.
Les membres du jury ont décidé de décerner à l’azacitidine, premier médicament destiné au syndrome myélodysplasique de risques intermédiaire élevé et élevé, et à ses formes de transformation leucémique, le prix Galien destiné aux « Maladies rares » en raison de son efficacité.