Née à Londres en 1842, Mary Corinna Putnam était la fille d’un grand éditeur de presse new-yorkais. Elle manifesta très tôt son intérêt pour les sciences, ce qui l’amena à étudier la pharmacie à l’université de Philadelphie de 1861 à 1864, puis à continuer sa formation par des études médicales. Elle décida pour cela de s’inscrire à la faculté de médecine de Paris… qui l’autorisa certes à suivre quelques cours et à travailler à la bibliothèque, mais lui refusa l’accès aux examens, comme elle l’avait fait peu avant à l’encontre de deux étudiantes anglaises.
L’université de Paris, soutenue il est vrai par la majorité de ses professeurs et de ses étudiants, était à l'époque peu désireuse de voir les femmes « empiéter » sur un domaine alors quasi exclusivement masculin : elle avançait pour cela des arguments non seulement administratifs, mais aussi « moraux » voire franchement misogynes, les femmes n’étant, selon certains professeurs, « pas capables » de devenir médecins.
L'appui de l'impératrice Eugénie
Mais Mary Putnam n’était pas femme à se laisser impressionner : elle obtint le soutien du doyen de la faculté de médecine, le Pr Wurtz, lequel ne parvint toutefois pas à infléchir la position de l’université. Quelques mois plus tard, elle s’adressa directement à l’Impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, qui demanda alors au ministère de mettre fin à cette interdiction : fin 1867, la faculté fut donc obligée de valider cette décision. Début 1868, il y a donc tout juste 150 ans, les premières étudiantes en médecine firent leur entrée officielle dans les amphithéâtres et les salles de la faculté de médecine… où elles furent souvent très mal accueillies et raillées par les étudiants.
Paradoxalement, si Mary Putnam est bien la première femme à avoir « forcé la porte » de la faculté de Paris, elle n’est pas pour autant la première femme reçue médecin en France : cet honneur revient à Élizabeth Garrett, l’une des deux étudiantes anglaises retournées en Angleterre après avoir été refusées à Paris, et que Mary Putnam incita à revenir après la décision de l’université. Élizabeth Garrett soutint en effet sa thèse en 1870, quelques mois avant Mary Putnam, lauréate en 1871. La première femme médecin française, Madeleine Brès, ne sera donc, en 1875, que la troisième femme diplômée de la faculté de Paris.
Au service de la santé des femmes
Mary Putnam, quant à elle, rentra à New York une fois son diplôme parisien en poche. Mariée à un pédiatre, elle mènera avec lui une brillante carrière scientifique et médicale, mettant au service de la santé des femmes ses doubles compétences médicales et pharmaceutiques. Elle mourut en 1906.