D’APRÈS le dernier baromètre santé INPES, 56 % des femmes âgées de 15 à 54 ans sont sous « pilule ». Vingt-quatre pour cent ont un dispositif intra-utérin (DIU) et 11 % utilisent des préservatifs. La pilule est prise avant l’arrivée du premier enfant et le DIU est généralement posé après le deuxième enfant. Ce pourcentage de femmes sous contraception orale est très élevé par rapport aux autres pays : 25 % aux États-Unis, 27 % au Brésil, 33 % au Royaume-Uni, 24 % en Espagne… Et pourtant, on déplore chaque année de nombreux échecs de contraception : 33 % de grossesses seraient non prévues, 2/3 surviendraient sous contraception et donneraient lieu à près de 220 000 IVG. Ce chiffre reste stable depuis des années, malgré le développement de la contraception.
Aucun moyen de contraception n’est efficace à 100 %.
En ce qui concerne plus précisément les jeunes femmes, 91 % des 15 à 19 ans et 93 % des 20 à 24 ans utilisent une contraception. 79 % des 15 à 19 ans et 83 % des 20 à 24 ans prennent la pilule. « Selon les données du baromètre santé 2010 INPES à paraître, on observe un très léger développement des autres contraceptions (patchs, anneaux, implants) chez les 15-19 ans : 0,8 % en 2005 contre 2,8 % en 2010 » a souligné le Dr Françoise Tourmen (médecin, membre du groupe d’experts INPES Campagne contraception 2007-2010). « Aucun moyen de contraception n’est efficace à 100 %. Il y a 7 % d’IVG chez des femmes ayant un DIU au cuivre. Les différents moyens de contraception sont imparfaits et imparfaitement utilisés… ».
Sur 1 000 femmes qui prennent la pilule, 80 seront enceintes au bout d’un an (données OMS). La fécondité doit être expliquée aux femmes. Il existe un grand problème d’éducation des jeunes générations. « Les trois séances annuelles d’information et d’éducation à la sexualité dans les écoles du CP à la terminale ne sont que partiellement et inégalement appliquées » a dénoncé Marie-Pierre Martinet (Planning familial). Il existe un grand choix de moyens contraceptifs permettant à chaque femme de trouver celui qui lui convient le mieux. C’est grâce à l’information et au conseil que l’on pourra obtenir l’adhésion des jeunes femmes ainsi qu’en multipliant les interventions entre les professionnels.
« De trop nombreuses femmes cultivent encore des idées fausses sur la pilule, notamment en ce qui concerne ses effets à long terme sur le surrisque de cancer » a déclaré le Dr Lise Duranteau (Le Kremlin-Bicêtre).
Renouvellement des contraceptifs oraux, le vide juridique.
L’arrêté du 25 mai 2010 fixant la liste des médicaments contraceptifs oraux visée à l’art L. 5125-23-1 du CSP (JO 1er juin 2010) permettait le renouvellement des contraceptifs oraux par le pharmacien pour une durée maximale de 6 mois si la prescription date de moins de un an et si le contraceptif figurait sur cette liste positive. Or, cette disposition n’est plus applicable, aujourd’hui.
En effet, la loi 2011-525 du 17 mai 2011 a modifié l’art L-5125-23-1 : « lorsque la durée de validité d’une ordonnance datant de moins de 1 an est expirée, le pharmacien peut dispenser les médicaments nécessaires à la poursuite du traitement, sauf s’ils figurent sur une liste fixée par arrêté du ministre chargé de la santé après avis de l’AFSSAPS, pour une durée supplémentaire non renouvelable de 6 mois ». Il s’agit donc maintenant d’une liste négative, mais elle n’a pour l’instant pas été publiée. Le décret d’application serait en préparation au ministère. En attendant, les pharmaciens ne peuvent plus renouveler… « Ce n’est pas facile pour ceux qui ont déjà commencé à dépanner leurs patientes, » a déclaré Jean Lamarche (officinal, Paris) « En matière de contraception, notre rôle est important, parfois difficile pour certains en ce qui concerne la contraception d’urgence aux mineures. Les pharmaciens doivent s’investir, se former. Dix ans après la loi, il existe encore certaines réticences. »
Pour aider le pharmacien dans sa mission, de nombreux outils ont été mis à sa disposition par le CESPHARM, disponibles sur son site www.cespharm.fr : dossier sur la contraception, brochure d’aide à la dispensation de la contraception d’urgence, fiche de conduite à tenir en cas d’oubli d’une contraception orale.
Une nouvelle campagne TV sera lancée par l’INPES fin octobre et des cartes personnalisées (format carte de crédit, à glisser dans le portefeuille) qui rappelleront aux patientes ce qu’elles doivent faire en cas d’oubli de leur pilule, vont être mises à disposition des pharmaciens qui pourront les remplir, lors de la délivrance des « pilules ».