On connaissait déjà les distributeurs automatiques d’OTC (interdits en France mais présents dans plusieurs pays d’Europe), voici maintenant la pharmacie totalement automatique : la société néerlandaise Autopharma présente deux modèles d’automates, déjà utilisés outre-Atlantique, qu’elle espère commercialiser dès l’an prochain en Europe, sous réserve d’obtenir les autorisations administratives nécessaires.
Le modèle « Servi Locker » s’adresse aux patients qui veulent obtenir un médicament en dehors des heures d’ouverture de la pharmacie, ou plus simplement qui ne veulent pas faire la queue. Le médecin remet une ordonnance au patient qui l’envoie électroniquement à la pharmacie, laquelle prépare la commande et la dépose dans le « Servi Locker ». Elle prévient ensuite le patient par SMS et lui donne un code qui lui permet de récupérer sa commande quand il veut.
Le pharmacien peut posséder plusieurs automates qu’il installe devant son officine, ou même ailleurs. « Insty Meds » est un automate encore plus perfectionné : le médecin prescrit un médicament que le patient récupère directement à l’automate, qui en contient un certain nombre, l’officine se contentant de vérifier la prescription à distance. Selon ses promoteurs, ces automates « complètent la pharmacie classique » en élargissant ses points de vente, mais « ne remplacent pas le comptoir traditionnel ».
Tout cela manque un peu de romantisme, mais les officines modernes privilégient le gain de temps et d’efficacité, même si elles cherchent aussi à se rendre plus attractives. L’informatisation des vitrines et des présentoirs continue de progresser, avec des agencements de plus en plus futuristes. Les grands stands des fabricants de robots et de commissionnaires voisinent avec ceux des concepteurs de logiciels de gestion et de comptabilité.
De même, les sociétés effectuant des blistérisations pour des doses journalières et à la demande sont de plus en plus nombreuses… ainsi que celles proposant des logiciels et équipements de lutte anti-contrefaçons.
Dans le même temps, les pharmaciens doivent réduire leurs dépenses, ce qui se sent aussi dans les stands du salon. Les grands laboratoires se font plus rares, mais les traders et autres importateurs parallèles occupent, chaque année, une part croissante des halls d’exposition. Tout se vend et se revend, au point que les traders peuvent même faire imprimer eux-mêmes, très rapidement, leurs emballages de médicaments en modifiant uniquement les données administratives figurant sur les boîtes. Une société irlandaise, mediestoc.com, s’apprête à lancer un site de ventes réservé aux professionnels du médicament, un véritable « Ebay » pharmaceutique où les professionnels européens pourront tout échanger, du nord au sud du continent, avec un système d’enchères bloquées pendant une heure après la publication de l’offre.
Parmi divers nouveaux produits, on pourra retenir le lancement prochain, en France, d’un spray d’origine danoise, Asonor, destiné à lutter contre le ronflement, mais aussi d’un autotest développé par le Suédois Bodymarkers qui permettra de mesurer ses carences éventuelles en vitamines D.
Enfin, quelques secteurs semblent échapper à la crise et répondent clairement à des aspirations de style de vie : les crèmes et produits dermatologiques pour personnes percées et tatouées, semblent désormais incontournables dans les rayons cosmétiques. De même, plusieurs fabricants de « toys » et autres jouets sexuels féminins, même s’ils n’en proposent pas encore 120 nuances différentes, s’affichent aujourd’hui sans complexe au salon, après y avoir pris pied timidement lors des éditions précédentes. Autre secteur visiblement porteur en officine, celui des lunettes de vue et des lunettes de soleil vendues beaucoup moins chères que chez les opticiens.
Leur présence, de même que celle de producteurs de vins ou de voitures, a d’ailleurs dérouté certains visiteurs étrangers, venus notamment dans le cadre de la FIP, qui s’attendaient à plus de rigueur dans le choix des stands… et dans les rayons des officines. Le public n’a toutefois pas boudé son plaisir : si les deux premiers jours du salon attirent plutôt des professionnels et des pharmaciens, les préparatrices affluent lors du week-end, dans une ambiance souvent festive et musicale.
Enfin, Expopharm propose, depuis deux ans, des conférences d’actualité surtout centrées sur le conseil et les OTC, « Pharma World ». Cette année, la pilule du lendemain a fait l’objet de plusieurs rencontres, car les besoins d’information restent importants depuis qu’elle a été « switchée » au printemps dernier. Les pharmaciens se disent globalement satisfaits de cette mesure, très populaire aussi chez les femmes. Les médecins, par contre, dénoncent régulièrement les effets négatifs de ce délistage et accusent publiquement les officinaux de ne pas bien conseiller les femmes et de ne privilégier que leurs ventes : une pomme de discorde supplémentaire dans les relations déjà complexes entre les deux professions.