« CE LIVRE n’est pas destiné à convaincre d’un point de vue ou d’un autre, l’objectif est de donner des clés pour que chacun puisse participer à la discussion, de manière éclairée, et prendre ses propres décisions », explique le Dr François Faurisson, de la mission INSERM Association – à l’initiative de cette publication. « Les gens sont devenus très méfiants, et disent "on nous force la main". On voulait justement éviter cela à tout prix », renchérit Annick Guimezanes, chercheuse INSERM au centre d’immunologie de Marseille-Luminy coauteurs du livre avec le Marion Mathieu.
Lors de la présentation de l’ouvrage, le Pr Jean François Delfraissy, directeur de l’Institut microbiologie et maladies infectieuses à Paris a souligné l’intérêt cette approche neutre, en période de vive polémique tant vis-à-vis des produits que du principe même d’une vaccination généralisée : « Je reconnais que c’est une période complexe par rapport à l’acceptabilité vaccinale, un certain nombre d’associations anti, ou en tout cas très réticentes vis-à-vis du vaccin, prennent beaucoup la parole sur le web, et c’est bien qu’il puisse y avoir ce type d’instrument qui remette les choses en place. On n’est pas en guerre, on est dans l’explication, dans l’information citoyenne, et c’est tout l’intérêt de ce document. »
Vases communicants.
Si la défiance vis-à-vis de la vaccination a plus ou moins « toujours existé », indiquent les auteurs, elle est aujourd’hui particulièrement prononcée. « Les cafouillages des pouvoirs publics lors de la campagne H1N1 ont contribué à une baisse de confiance de la vaccination… La confiance se perd rapidement, la retrouver ça prend plus de temps », remarque la biologiste Marion Mathieu, qui explique également que la notion de bénéfice-risque de la vaccination est plus difficile à évaluer pour les nouvelles générations de parents. « Quand la maladie infectieuse n’est plus présente, on voit effectivement moins l’effet bénéfique de la vaccination que les effets secondaires qui paraissent plus importants. On ne voit plus forcément l’intérêt de se vacciner, décrit-elle. Après, il suffit qu’il y ait une baisse de la couverture vaccinale pour que la maladie réapparaisse et que de nouveau apparaisse le bénéfice de la vaccination. Ce sont des vases communicants et, effectivement plus un vaccin marche bien, plus la maladie est éradiquée, et moins on voit l’intérêt de se vacciner. » La vaccination serait en quelque sorte victime de son propre succès.
La trame de l’ouvrage est née d’une série de séminaires organisés en 2014 à la demande de représentants d’organisations de malades par la mission INSERM Association. « Il y a eu beaucoup d’interactions entre les associations et les scientifiques pendant ces séminaires. Le contenu était si riche que ça nous a donné envie de transférer le contenu de ces formations dans ce petit livre » explique le Dr Faurisson. L’ouvrage explore par exemple le fondement scientifique de la vaccination, comme les vaccins marchent, comment le système immunitaire est-il activé, pourquoi a-t-on besoin d’adjuvants, quel est leur mode d’action, de quoi ils sont faits, mais aussi les notions d’obligation et de recommandations vaccinales... Un recueil qui pourra donc aider les praticiens dans leurs discussions avec leurs patients.