Florian Naudet est passionné par la recherche sur la recherche. Psychiatre et pharmacologue, il est chef de clinique au pôle universitaire de psychiatrie à Rennes (Ille-et-Vilaine) et vient d’être récompensé pour son étude sur l’effet placebo dans les essais cliniques. La Fondation Pierre Deniker, créée en 2007 pour soutenir la recherche et la prévention en santé mentale, lui a remis le prix jeune chercheur mi-octobre.
Selon ses recherches, l’effet placebo pourrait bien être plus fort dans un contexte expérimental car il « est probablement modifié parce que les patients inclus dans ces essais sont plus motivés et qu’on leur porte davantage d’attention ». Une assertion qui en entraîne une autre, la réponse des médicaments évaluée lors de ces études serait déformée. L’originalité de son étude – qui se consacre au traitement de la dépression – est non pas de comparer des médicaments ou des médicaments versus placebo, mais des placebos entre eux.
Des confrontations qui n’ont pas permis de mettre en évidence de différences entre les placebos d’antidépresseurs. Sa thèse de doctorat, soutenue en septembre 2013, portait déjà sur ce sujet : « Incidence de la procédure expérimentale sur l’évaluation de l’efficacité des pharmacothérapies antidépressives ». Et laissait déjà planer le doute sur « le degré de confiance que l’on peut apporter à ce que l’on considère généralement comme des preuves scientifiques de l’effectivité de nos pratiques ». Le Dr Naudet va poursuivre ses recherches en tant que chercheur en pharmacologie au cours d’un post-doctorat à l’université de Stanford aux États-Unis.
Spécificité américaine
L’effet placebo fait justement parler de lui aux États-Unis alors qu’une étude canadienne vient de démontrer que « les Américains – et seulement les Américains – sont de plus en plus susceptibles de déclarer ressentir de véritables effets physiques après avoir pris de faux antidouleurs », comme l’explique le « New York Magazine ». La revue médicale « Nature » souligne ainsi que « le simple fait de faire partie d’une étude américaine et de prendre un traitement semble désormais soulager la douleur presque aussi efficacement que beaucoup de nouveaux médicaments prometteurs ».
Les résultats interpellent les chercheurs de Montréal qui se demandent si la publicité des laboratoires vers le grand public, autorisée seulement aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande, ne serait pas à l’origine de cette différence. Ils s’interrogent aussi sur les méthodes utilisées pour les essais, de plus en plus longs, sur un panel de plus en plus large, et qui pourraient avoir gagné en qualité au fil des années.