La Journée mondiale sans tabac 2 018 était axée sur l'impact du tabac sur la santé cardiovasculaire. Gros fumeur régulier, fumeur occasionnel ou fumeur passif, tous sont concernés par ce danger qui est la première cause de mortalité cardiovasculaire évitable.
« Les accidents et les décès cardiovasculaires sont précoces, ils surviennent chez les sujets jeunes, hommes ou femmes : avant 65 ans, 30 à 50 % de ces décès sont attribués au tabac », prévient le Pr Daniel Thomas, cardiologue et membre du Comité national contre le tabagisme (CNCT). L'évolutivité du tabagisme chez les femmes est un autre fait inquiétant, entre 35 et 64 ans elle se traduit par une augmentation de 5 % par an des hospitalisations pour infarctus, et de 3 % par an pour anévrisme de l'aorte entre 55 et 64 ans. Le tabac est également corrélé au risque de survenue de thrombose veineuse ou phlébite (+38 %) et d'insuffisance cardiaque (+59 %). Quels que soient le niveau d'exposition et le type de tabac fumé (cigarette, cigare, chicha, pipe…) le risque est présent, même pour une exposition au tabagisme passif. Cet impact est confirmé par des études épidémiologiques et nécessite des mesures de prévention individuelle et collective. Les résultats de l'enquête Opinion Way réalisée pour Alliance du Cœur montrent qu'il n'est pas nécessaire d'avoir fumé beaucoup et longtemps pour être exposé au risque cardiovasculaire. Fumer peu (quelques cigarettes par jour) est aussi toxique que le cumul des cigarettes et des années. Le « petit » fumeur occasionnel n'est pas protégé de l'impact cardiovasculaire car les mécanismes en jeu sont très sensibles.
L'addiction à une drogue dure
« Le message prioritaire est d'informer les fumeurs qu'il n'est jamais trop tard pour arrêter le tabac, insiste le professeur. Quels que soient l'âge, la consommation et l'ancienneté du fumeur, les bénéfices sont importants et immédiats : le monoxyde de carbone est éliminé 24 heures après l'arrêt et le risque de thrombose et de spasme diminue rapidement quinze jours après. Le bénéfice est d'autant plus important que l'on arrête tôt, quand les artères ne sont pas encore abîmées, il peut même être total, sans risque ultérieur, si on arrête avant 30 ans. » Si on arrête après un accident cardiaque, le bénéfice est moins évident, mais il est toujours présent ; le risque de rechute ou de décès est diminué.
Le tabac est une drogue dure, les critères de dépendance sont forts et le seul conseil d'arrêter de fumer ne suffit pas, il faut traiter le facteur tabac comme une maladie. « Le sevrage tabagique n'est pas une question de volonté mais d'addiction, il relève d'une démarche thérapeutique, poursuit le cardiologue. Quel que soit le stade de préparation ou de motivation du fumeur dans sa décision d'arrêter, il faut lui proposer de l'aide et l'accompagner. » Il faut également prendre en compte les co-addictions tabac/alcool ou tabac/cannabis.
Des mesures concrètes comme la formation et une meilleure coordination des différents professionnels de santé en charge d'une prescription (médecins, kinésithérapeutes, infirmières…), ainsi que le remboursement par l'Assurance maladie des aides au sevrage (gommes et patchs) vont concourir à améliorer le parcours et la prise en charge du patient. Le pharmacien est l'acteur de santé qui rencontre dans son officine le plus grand nombre de fumeurs candidats au sevrage. Il a un rôle essentiel pour les encourager à consulter pour un suivi régulier, et pour les informer des nouvelles mesures prises dans le cadre du Plan priorité prévention pour le tabac.
D'après une conférence de presse de Pfizer.