Menée pendant deux ans, l’étude IPOP a été réalisée en partenariat avec l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et des officines des groupements PHR et Hello pharmacie. Au total, 81 pharmacies ont participé à l’enquête auprès de plus de 900 patients.
Tous leurs patients âgés de 65 ans et plus traités par au moins trois médicaments ont été inclus dans l’étude et invités par les pharmaciens à remplir un questionnaire pour évaluer l'observance à leur traitement. Les résultats montrent que 45 % des patients avouent avoir déjà oublié de prendre leurs médicaments au bon moment et 43 % déclarent n’avoir pas pris leur traitement car ils avaient l’impression que celui-ci faisait plus de mal que de bien.
Si plus de 8 malades sur 10 indiquent préparer eux-mêmes leurs médicaments, près d’un tiers (29 %) explique ne pas savoir pourquoi ils leur sont prescrits. Plus de la moitié (56 %) est en quête d’information sur leurs traitements, qu’ils vont essentiellement rechercher dans les notices (43 % d’entre eux).
L’analyse des quelque 1 000 ordonnances de ces patients polymédiqués révèle que 83 % d’entre eux étaient exposés à au moins 1 prescription médicamenteuse potentiellement inappropriée (PMI), 52 % à au moins 2 PMI, 23 % à au moins 3 PMI et 10 % à au moins 4 PMI. Sur cet échantillon d’ordonnances, 77 % des patients étaient potentiellement exposés à au moins 2 interactions médicament/médicament (IMM), et 73 % étaient exposés à au moins 2 interactions aliment/médicament (IAM).
« Pour ceux-ci, 27 % des patients étaient potentiellement exposés à au moins 1 IMM majeure, et 18 % étaient exposés à au moins 1 IAM majeure », précisent les auteurs de l’étude. Enfin 84 % patients recevaient au moins 2 médicaments nécessitant une adaptation posologique selon la fonction rénale, car ils étaient potentiellement hépatotoxiques ou à risque cardiovasculaire (risque de torsade de pointe).
Optimiser les prescriptions
« Le constat n’est plus remis en cause : les personnes âgées sont souvent atteintes de multiples pathologies. Elles sont donc souvent polymédiquées, ce qui entraîne des risques de mauvaise observance, de mésusage et des interactions médicamenteuses aux effets indésirables potentiellement graves pouvant entraîner des hospitalisations et des décès », concluent les Laboratoires Teva.
Pour eux, cette étude « met en lumière des éléments déterminants pour optimiser les prescriptions ». Ils jugent ainsi nécessaire de prendre en compte le fait que certains médicaments sont inappropriés pour un patient âgé, notamment lorsqu’il présente des maladies et/ou troubles s'ajoutant à la maladie initiale (comorbidités) qui l’expose à un risque neurologique ou cardiovasculaire.
L’existence d’interactions entre médicaments et entre médicaments et aliments, à l’origine de variations pharmacologiques qui impactent l’efficacité ou la tolérance de certains médicaments majeurs est, bien sûr, également à prendre en compte. Pour l'amélioration la prise en charge des personnes âgées, ils plaident en faveur d'une approche interprofessionnelle impliquant tous les acteurs de santé (médecins de ville, hospitaliers et pharmaciens d’officine, notamment) et pour la création d’une base de données interactive pour formuler, au regard des paramètres du patient et de ses comorbidités, des recommandations en vue d’adapter les doses, guider les alternatives possibles, conseiller la chrono-posologie.
Enfin, ils préconisent une révision de la présentation des ordonnances sur lesquelles ils souhaiteraient voir figurer l’âge du patient, son poids, sa fonction rénale et ses pathologies chroniques majeures.
*Investigation des prescriptions délivrées en officine pour les personnes âgées.